1 nov. 2011

[Poé] Frénésie mordicus


Dans un recoin de la bibliothèque l’incendie
Se tient coi, paresseux, tranquille et mordille
Une bûche ou deux

Il n’a pas signé de contrat – tout sauf apprivoisé
Encore moins domestique
Ne vous y trompez pas : un œil et une bague

Pour le moment ? Il est heureux – pur matériau
Abstraction d'une musculature, de l’infortune
A chaque degré de la brûlure

Sa voix – récit exsangue des guerriers, concentré
D’apocalypse : s'il regardait seulement
Ces livres dans les yeux, ils seraient lui

Un frisson parcourt les étagères, romance
Des reflets et des ombres – jaspe, cornaline
Et la grille amollit sa vigilance

Une haleine irréelle malaxe le métal
Un baiser d'ébouillante
Tout s’achemine soudain vers la crue du vandale

Sur les poutres et les murs vacille le chiffre
De l’échancrure – je reconnais ses runes et ses glyphes
Signe du Nil incandescent

Ses lacets torrentiels : fauteuil piano les chiens de pierre
Les tomes la bonne et les jardins – marqués à vif !
Quelque chose ne va plus

Cela brille comme un signe et il chante au déluge
Voici aussitôt : la pyrolame
Qui vient –
colonnes de soufre rouge

Brûlure vocale et ciselée – ne pardonne pas – elle
Ou son nom, tessiture de l’Efrit, hurlance
Qui joue et furibonde, s'épanche

Ses morsures assourdissantes sont en forme de vœu
Elle a – mordicus – voué le monde à rejoindre
Son immense oriflamme !

Déchiquète les recueils les arcades le plancher
Balaie tout, la nuée – saute dessus
Ignition des tissus ! Mes cheveux ! Ma feuil... ! 


The Spirit of Fire © Tiana Marie
 2011

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