20 déc. 2021

[Arkogi] New art & old archetypes / Anciennes règles & nouveaux organes

 EN    

"The apparent full-on assault on the integrity of subjects in contemporary plastic/visual arts seems consummated, just like the merging of the boundaries that used to separate artistic agency, tools and products. 
Most works are now usually some inextricable combination of media and semi-autonomous loops: they are altogether made of photo, digital components, 3D models, ink markings & make-up, glitch events & controlled visualization, algorithmic procedures like automatic filters & discrete intervention, pre-imagining & serendipity. Most works are always process & files in addition to being objects, and interactive installations, updated iterations, colaborative or curated happenings more than "things".

Faces are distorted, molten, exploded, mutated and cut, bodies are seeded, grafted, parasited, porous, liquid or demultiplying along generous lines. Symbols, direct representations, pictures and signs merge within asymmetric planes and cacophonies of simultaneous layers. In a word: the effects of post-anthropocentrism, biotechnomodular splicing & eco-recoupling on Aesthetics are here to stay.

And yet, this context presents some anomalies: many otherwise highly corrosive artworks still appear along classical lines in image archetypes. Static images, with up and down, retain their strength. Take for instance: Landscape –or Spatial immersion, Portrait –or Scene, Motif –or Decoration. See the collection of visual productions under there, and take notice. Is it a fluke, a residue, simple inertia, or something grammatically profound? Or just me?
 
Can we approach compositive escape velocity, challenging deeply ingrained neurophenomenological identification habits, beyond the –hard-earned– desecration of 'Man', and blurring of old ontological boundaries? 
The revolutions in subject representation and artwork craft need a revolution in artwork treatment: not just multiplicity in place of duality, but new rules for new organs."

FR 

« On ne peut plus nier l'assaut frontal porté contre toute forme d'intégrité des visages et des figures subjectives dans les arts visuels post-2015. De manière similaire, les anciennes barrières entre arts et techniques, décision de l'artiste et outils, ainsi qu'une distinction simple entre médiums, n'est même plus possible.

L'écrasante majorité des œuvres graphiques s'apparente aujourd'hui à des composés inextricables de photo, de modèles digitaux, d'encrages, de maquillages, de code, de filtres, de lumières, de circuits, de flux solidifiés et de solides amollis. L'activité graphique mélange irrémédiablement le glitch et l'intentionnel, les procédures algorithmiques automatiques et les interventions discrètes, de l'interactif et du remix, du réplicable et du non-fongible. L’œuvre elle-même est toujours objet et fichier, installation et happening, archive et consommable, méta-data et making-of, exposition et boîte noire.

Désintégration des "sujets" dans les contenus graphiques : omniprésence des singularités extrêmes, ruines, bugs, moisissures – domination esthétique de l'hybride, des mutantes, des prothèses, de l'épissage, du poreux, des collages, du fondu et du pulvérisé. L'esthétique du fragment, de la faille et de l'inachevé baisse les yeux et bégaie devant la violence du nouveau paradigme : l'implosion de soi – corporelle ou mentale – et les recompositions impures. Pour bientôt : le règne érotique de l'asymétrie, l'auto-chirurgie, l'érosion, les déchets. Bref, les simples sujets de l'art sont irréversiblement désintégrés. La révolution post-anthropocentrique ne va pas s'en aller de sitôt : ses deux modèles inséparables – l'écologique et le cybernétique – transforment durablement l'art graphique mondial.

Et pourtant, ce contexte présente des anomalies, des formes persistantes. Les images statiques, avec un haut et un bas, retiennent leur emprise. De nombreuses "œuvres" visuelles continuent de se ranger dans les genres et archétypes traditionnels des beaux-arts, ou ceux de la peinture et la photo des siècles qui précèdent. Des productions corrosives et extrêmes dans ce qu'elles présentent et dans la manière dont elles sont produites peinent à sortir de la dualité figuratif / abstrait. Les super-genres visuels font de la résistance dans les têtes, les protocoles et les discours : on identifie encore clairement des Paysages (ou Perspectives, spatiales, immersives...), des Portraits (ou Scènes, de visages, actions, objets...), et des Motifs (ou Décorations, même fractales, mobiles...). Voir le carré d'images ci-dessous à titre d'exemple.

Est-ce un oubli, une erreur d'inattention, un truc résiduel ? Est-ce que je rêve, est-ce que c'est moi seulement qui projette encore ces formes dépassées ? Est-ce un bête problème d'échantillon ? Est-ce de l'inertie, ou un signe que certaines catégories de la grammaire visuelle sont plus profondes que d'autres ? Profondes comment, et incarnées dans quel support ? Faut-il les conserver, les démultiplier, les dissoudre, les remplacer par d'autres ?

Faut-il accélérer, tenter d'atteindre la vitesse de libération compositionnelle, et sous quel angle attaque-t-on des habitudes neurophénoménologiques séculaires ? Maintenant que la fusion des anciennes frontières ontologiques est entérinée, que "les arts" jouissent de la profanation durement gagnée de la figure de "l'Homme", peut-on imaginer une transformation dans les manières de percevoir ?

Les révolutions dans la manière de voir le monde et dans les modes de production nécessitent une révolution dans le vécu et le traitement des réalités artistiques. Plus encore que de dépasser les anciennes dualités, il nous faudra de nouvelles règles pour de nouveaux organes. »

 


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