23 nov. 2010

[Poé] Plaine de puissance


v. 1

Comme les ailes trouées
Une comète se perd aux extrémités

 Le blanc des cerisiers en fleur
Dont la couleur est indécise


Des grillages vibrent dans l’azur
 D’une revanche

 En ce matin de feu
N’adoube aucun oiseau

De la Terre


v. 2

Des grillages vibrent dans le ciel
Comme les ailes trouées
D’une revanche

Le blanc des cerisiers en fleur
En ce matin de feu
N’adoube aucun oiseau

Une comète se perd aux extrémités
Dont la couleur est indécise
De la Terre



Glow by Superbia
 

6 nov. 2010

[Kogi] Un poème inconnu


Le poème laisse des traces apparentes là où il y avait déjà des traces non-vues, non apparentes – il est toujours déjà tellement retour ou redite qu'à force on souhaite vraiment un poème inconnu (qui va de l’avant, qui renouvelle, ou mieux : qui raye tout le reste et nie ce que l'on est !(?)
 
Un poème qui jaillit, ex nihilo, qui s'extirpe 
 
҉
 
Un poème non lu, tellement déjà oubli

4 nov. 2010

[Poélovéekwot] Amorosa anticipación (Borges)

 .
« Ni la intimidad de tu frente clara como una fiesta

ni la costumbre de tu cuerpo, aún misterioso y tácito y de niña,
ni la sucesión de tu vida asumiendo palabras o silencios
serán favor tan misterioso
como mirar tu sueño implicado
en la vigilia de mis brazos.
Virgen milagrosamente otra vez por la virtud absolutoria del sueño,
quieta y resplandeciente como una dicha que la memoria elige,
me darás esa orilla de tu vida que tú misma no tienes.
Arrojado a quietud,
divisaré esa playa última de tu ser
y te veré por vez primera, quizá
como Dios ha de verte,
desbaratada la ficción del Tiempo,
sin el amor, sin mí »
« Ni l’intimité de ton front clair comme une fête
ni la privauté de ton corps, encore mystérieux et muet, encore d’enfant,
ni tes paroles ou tes silences, étapes au chemin de ta vie,
ne me seront aussi mystérieuse faveur
que de regarder ton sommeil impliqué
dans la veille de mes bras.
Miraculeusement vierge à nouveau par la vertu absolutoire du sommeil,
paisible et resplendissante comme un bonheur que choisit la mémoire,
tu me donneras cette frange de ta vie que tu n’atteins pas toi-même.
Précipité en quiétude
j’apercevrai cette dernière plage de ton être
et je te verrai peut-être pour la première fois
comme Dieu doit te voir,
une fois la fiction du temps mise en déroute,
sans l’amour, sans moi »
" Neither the intimacy of your brow fair as a feast day,
nor the favor of your body, still mysterious, reserved, and childlike,
nor what comes to me of your life, settling in words or silence,
will be so mysterious a gift
as the sight of your sleep, enfolded
in the vigil of my arms.
Virgin again, miraculously, by the absolving power of sleep,
quiet and luminous like some happy thing recovered by memory,
you will give me that shore of your life that you yourself do not own.
Cast up into silence
I shall discern that ultimate beach of your being
and see you for the first time, perhaps,
as God must see you —
the fiction of Time destroyed,
free from love, from me "
  Nestor Ibarra pour la traduction française
Robert Fitzgerald for the English translation
Jorge Luis Borges, Amorosa anticipación 
in Luna de Frente, 1925

[Kogi] Psychobio de l'orgueil


Quelques mots sur l’orgueil, non comme concept mais comme vécu. Malgré les images et la première partie, il y a de la psycho dans l’air. Bien sûr, il ne sera question que d’une forme de l’orgueil, selon quelques origines, parmi des milliers plus ou moins proches.

L’orgueil désigne une grappe immense, lumineuse et sordide, comme un cœur parallèle, qui est tout en réaction, en défense, en tensions, prétentions, en violence et faiblesses. Ni voir la victime seulement, ni voir seulement l’ignoble et dégoûtant aveuglement. De l’intérieur, c’est goûtu et avantageux, c'est mortel et aride. Allons plonger dedans, à partir d’une expérience particulière - la mienne.

Trois phases, par exemple.


Première phase

Dans un jeune territoire personnel ouvert aux assauts du talent, du contrôle ou de la compétition, mal protégé, mal assuré, un germe est tombé au sol. D’abord sous la forme de lichens inoffensifs, puis par des nuages de spores, l’orgueil assiège les lieux mal protégés. Au milieu de la plaine, en peu de temps, une muraille grossit et encadre le pays, durcit ses frontières.
L’orgueil surprotège la personne en élevant une muraille de graisse, de chair cireuse, aveuglante, too much. Une immense muraille, d’abord pour la défense de soi, munie bientôt de haut-parleurs tournés vers l’extérieur, qui gueulent ou murmurent à longueur de journée les deux faces opposées d'un même mensonge.

Et ce mensonge à deux versants, c’est d’un côté le trop, les prétentions, les exagérations ou la vantardise – et de l’autre, ce qui revient au même, c’est le déni, l'altération, l'atténuation, pour sauver la face, pour falsifier l’image de soi. Dans sa faiblesse et sous les assauts, le soi lui-même y croit, à ce que profère ce mensonge. Beaucoup le connaissent à peine, mais peu le connaissent à plein tube, à fond, dans la tête, à l’intérieur d'une forteresse mégalomaniaque.
L’orgueilleux tombe dans ses propres pièges, non par justice, mais par conséquence : il s’est tourné vers lui-même, et a chuté en lui-même, dans une réaction non innocente, mais compréhensible. Sans repères comparatifs any more, il croit qu’il s’envole alors qu’il chute. En bas, sur les ailes mauvaises d’un mythe de son identité (identité d'indépendance en lui-même), mythe mensonge de l’ébène ou de la glace (vœu insensé mais logique d'insensibilité).

L’orgueil serait donc une faiblesse de l’EGO, avant d’en être une surenchère ?

Regard de soi-même qui s’entretient contre une vieille peur des autres, du monde ou du père – ou alors, un manque de lest, de correction ? Origine inconnue, découverte improbable. Hypothèses de ressentis.

Regard blessé ou insatisfait qui se détourne vers soi et deviens mortellement ébloui ou aveuglé par ce qu’il voit. Sans vis-à-vis, aucune condamnation - sauf celle qui vient, unilatérale, de tout regard. Une torsion du regard qui n’accepte pas d’entre-deux relationnel : EGO ou rien, alter ego à la limite, mais sans le mystère : dedans OU PAS. Fusion ou réjection. Tout cela flirt avec l’égoïsme pur et simple, mais il en moins ignorant ou moins stupide : il réfléchit, précisément. Non pas la jalousie, mais la réflexion du divin dans la personne ; sans la sagesse bosselée comme une vieille marmite. Pour son bonheur et le malheur de la personne, l’orgueil ne fait que se réfléchir et se subsumer, n’écoute pas. Une forme particulière de manichéisme identitaire. Ou pas.

Il chute, il choit. De tout son poids. De pédant. Ridicule d’ignorance et d’incapacité à avouer – à rendre les armes, et à aimer. Comment il tient ? Fondé en lui-même. D’égocentrisme devenu naturel. Il ne fait même plus exprès, à force. Mais il est tout de même coupable. Il choit. C’est lourd. Et vas-y que j’écrase les autres au passage en essayant de gagner leur approbation, ou par vengeance paranoïaque – par insatisfaction chronique et double mesure (balance faussée de jugement).



Si leurs mythes sont identiques, se concurrencent, regards qui ne croise pas l’autre, qui le toise. La posture est définie d’avance. Pas besoin de vantardise, ici, c'est de la morgue de compétition. Obsédés par eux-mêmes, ils manquent toute relation – mais la rivalité est pourtant nécessaire. Le tout est de gagner devant tous, et de rejeter tout ça immédiatement - besoin de rien, pas même l'approbation.
 
On comprend alors l’obsédante solitude des orgueilleux, toute peuplée de regards, de peur et de violence. 
 
Au fond, ils se ressemblent mot pour mot, le cœur dur comme les muscles de la bouche et du torse. Ils se condamnent eux-mêmes et s'obstinent vers le handicap affectif.


Deuxième phase

Bientôt, au deuxième âge de Babel, on n’est plus autant fermé sur soi, mais on compare – quand soi-même est devenu la norme habituelle (un soi-même décuplé). Petit à petit, je me prends dans ses rets, sans rien remarquer d’anormal que mon agacement et l’absence de joie. À force de contentement de soi et de mécontentement des autres, tout devient clair.
Je suis tombé dans cette soupe de morgue et de violence lorsque j’étais petit. Au départ, une légère différence et une légère facilité apparaissaient. Ce n’est pas une addition qui fit l'orgueil, mais une danse étrange des deux : la peur d’être rejeté comprime la différence, avec ce désir du désir, désir d'être désiré, un temps de conformisme, mais la différence prend le dessus, bouffe la peur et s’impose, quand soudain cette dernière revient, encore plus dure en raison de la différence plus forte et de l’éloignement que la lutté de la différence a créée tout autour.
Mais des victoires sont gagnées par l’orgueil. C’est là une clef de toute l’histoire. Intouchable de la glace et du métal (musique, esthétique), cette crainte et cette admiration, le pouvoir de juger, d’être son propre étalon, tout ça me plaît. Rien de simple, nulle part. Je deviens insensible. N’est-ce pas un don du ciel ? Une perfection ? Tout ce qui ne tue pas me rend… Ma peau se craquelle par endroits, mais je ne sens plus rien – je suis réaction et tension. Sauf mes pensées, qui tourbillonnent et exhalent une odeur de paranoïa.

Cet orgueil, je le sers car il me sert, et cette hauteur, cette supériorité à laquelle j’ai droit, je la veux de tout mon cœur !

by Banksy
Soudain, je me rends compte que je n’arrive plus même à accueillir ceux que je désire. N’était-ce pas eux et ce désir, autant que la peur, à l’origine de tout ? Mais je suis parti trop loin trop seul, et il n’y a plus personne dans ces contrées. La muraille m’entoure, devenue glacée comme la chaîne qui enserre Morgûl. Impossible de grimper pour revenir en arrière. Les réactions m’enchaînent, elles me plient à être méprisant, et en un sens, profitant de tout ça, regrettant, je commence à mépriser mon mépris, à haïr ma haine, qui reviennent donc par derrière, et me rabattent sur moi-même et mon corps pour accéder à l’amour : je combats l'orgueil avec l'humiliation, au lieu d’humilité (tout est si simple, avec des mots).
Calme et violence, un balancement dans le quotidien d’un bâtard orgueilleux (qui ne se sait pas encore bâtard, qui ne l'accepte pas encore ni ne l'embrasse).

Le déséquilibre de l'orgueil est un balancement entre sous-estimation de soi et surestimation qui se double à force d'insensibilité et de bonheur instable.

Tandis que je réalise le pétrin dans lequel je suis, le cercle infernal et centré sur moi-même, je décide de briser l’apparence de l’orgueil, son côté trop flagrant, monochrome et glacial – en quelque sorte j’y ajoute des couleurs, je décore. J’y crois dur comme fer. Je construis Babylone, j'attire des marchands, des fous, je dresse des tentes et des jardins à l'intérieur de la forteresse (pour qu'on entende des rires, et qu'on ne soupçonne pas la solitude intérieure). Consciemment, pour apaiser ou émousser un peu le tranchant de l’affaire, mais reste un déséquilibre fondamental. Un tout petit peu de beau temps, d'améliorations, en quelque sorte, car la muraille fond un peu – mais la fondation en autrui par amour, et surtout dans l’Amour, est encore loin.
Décorée, émoussée, la muraille s’abaisse, le soleil revient – mais le prix en est une tour level 2, une nouvelle tour à miroirs, sur laquelle on peut lire les lettres du mot fascination.



Troisième phase

Au centre de Babel s’élève une tour en forme de grappe, ces fameux jardins suspendus, cette gloire, cet orgueil – une grappe où se reflète l’EGO en mille facettes qui scintillent – qui s’entre-réfléchissent, toutes prêtes à déverser ce qu’elles contiennent, à liquéfier sa complexion, à refaire la peinture. Des petits êtres moribonds ou furieux s'agitent à l'intérieur des grains de la grappe.
J’embrasse l’Orgueil, je m’identifie à ses spasmes colériques, à son flot qui grossit et grossit et fait des bulles comme dans la bave des humains – mais c’est la fête adolescente. Vous trouvez toujours des adorateurs, en cherchant bien (c'est-à-dire sans avoir l'air de manquer de rien). L’heure est au flamboiement, et non plus à la peur du rejet. La compétition bat son plein, silencieuse et cachée, la classe et les honneurs, à vif dans les esprits au quotidien.

Avatars esthétiques de l'orgueil ? La rébellion (anarchisme), la cautérisation (suture et censure), l'augmentation corporelle (glyphes et lâchetés), l'avatar virtuel (survie et massacres de concurrents), l'artiste maudit (mépris et report de célébrité), d'autres encore

Quand l’ego gonfle trop (dixit Ben Vautier), c’est la déferlante acharnée, vague fracassante car je me sens enfin départi de toute autorité. Et pourtant, aux mêmes instants, par l’ouverture paradoxale, je découvre apeuré l’ouverture, la confession intime et l’amour. Apeuré, car j'y suis incapable d'aveu ou de foi. A ce point-là, je ne peux croire que je suis aimé.
Et l'intime me torture, j’y entrevois la solution mais je comprends très bien que son prix est la gloire et le mythe personnel, l’invulnérabilité, le génie. Je désire déposer les armes, sortir seul – parfois j’y pense – hors les murs. Mais c’est impossible, habitué que je suis aux victoires faciles et terrifié à l'idée d'être nu, sans défenses, à l'extérieur.


Épilogue : témoignage de lenfant à l’adolescent

« Je me suis trouvé plus fort que la force brute, par l’esquive, la manigance, la longueur d’avance. J’ai grandi et développé une défense hybride et ambivalente : mépriser les imbéciles tout en désirant leur force brute et leur gueule d'ange, secrètement. Simuler l’air glacial et le désintérêt pour mieux attirer à moi le désir et faire payer aux autres. J’ai peur de ceux qui ont un beau visage, concurrents   – tout se cristallisera autour des filles – ou presque…

Le mépris pour les bêtes est venu, bientôt aidé par une mythologie de la pureté, de la sainteté, que j’étais censé suivre  – sans égard pour le scandale du don parfait. Mais la prison de surestime, d’abord créée pour la survie, devient une machine de guerre : on lance des raids et on détruit les autres. Prouver subtilement à l’autre comme il est con, mais sans en avoir l’air… Faire naître l’idée en lui de sa bassesse et en même temps, le désir de me plaire. Les mettre à genoux, en brillant assez pour les détruire et leur donner envie d’être moi. Ma dernière arme : leur dire que je les pardonne, qu’au fond, je ne leur en veux pas. Leur donner une chance devant tout le monde, après les avoir vaincus : ultime humiliation, dans les situations choisies… L’orgueil se mue en haine, assez souvent, contre les autres ou moi.

Quelques amis parsèment la route - tout n'est pas si tragique - rien n'est tragique en quelque sorte : alors je ne m'inquiète pas ! Je ne peux pas aimer une fille, et je ne vis pourtant plus que pour ça. Je poursuis une chimère qui me poursuit, dans un couloir circulaire… Et encore, moi, je suis heureux, j’ai l’appui des parents, des amis, et l’Admiration me donne quelque vraies bouffées d’air… Je respire par les instants de spontanéité et le rire et une intelligence qui se greffe sur la facilité – d’efforts, elle devient fierté, pour laquelle je ne me poursuis plus moi-même… »



               Ils se satisfont des misères affectives, de la célébrité, de guerres dans l’âme et fratricides. Devant les manques et peurs, les fils et les filles de rébellion se débrouillent avec les moyens du bord. Ils s’appuient dedans, dehors, à la réussite, éraflent, sont éraflés, et s’endorment pour moins souffrir. Antalgiques de la célébrité, de l’ignorance active, de la fête vide des corps et des boissons. Morphine de l’EGO à sa propre source – ils s’obstinent, craquent ou se perdent. 
 
Au contraire : avoir perdu prise, avoir abandonné un instant. Comme au départ, avant la forteresse, les tourbillons, les chimères féminines ou masculines qui promettaient un appui qu’ils ne pouvaient donner – et que l’on découpait en voulant séduire – avant la tentation ou les lichens. Avant même la rébellion. Le renouveau, dans cette plaine presque vide, deux à deux, retrouvailles obligées mais impossibles dans le flot. Quand soudain, l’échec de l’amour nous rappelle à notre échec plus profond, celui que nous avions dissimulé sous Babylone. Combat contre l'Ange d'El et combat contre l'Ange de lumière. Fuite, rappel, combat. CRI !  Brisement, cassure, ou fonte des glaces, comme on le veut. Rencontre pénible, lavement des plaies et enfin plaisir et paix. Vulnérabilité avouée, intime, pour un regain des forces inconnu. Nouvelles sphères, nouveaux univers et traversées. Que d’ignorance, avant, que de faiblesse dans la force et à présent, que de force dans la faiblesse !
Et tout est là, à nouveau, sans le drame ni l’obsession. Sans le degré de drame et d’obsession que l’orgueil constituait. Il y aura des rechutes, mais jamais plus l’esclavage. Contrôle, résistance, abandon. Pardon aussi pour le rejet réel et le risque de l’amour, harpon lancé en bas du précipice, au hasard, qui ne peut présumer mais qui sera tout nouveau. L’amour vécu en relation ne retrouve rien, n’applique aucune recette. L’un apprend à voir venir, accepter, il compose, et apprend, quand l’autre guide, s’épanche, s’épluche ou s’émancipe. L’autre soudain prend le relais, séduit, active, relève, s’étonne lui-même, et retombe sur ses vieilles rengaines… C’est comme cela ou autrement – non pas aléatoire mais hautement singulier.
 
Des vies lancées dans la jungle d’une relation, elles ne sont pas seulement invisibles, mais tout autour, une famille s’est assemblée, en silence et sans tapage. Parfois, elle était toujours là, mais la relation seulement commence. Abandon, mais tout est là, reconquis, d’un coup. Si je lâche prise et que j’éprouve l’amour infaillible, c’est pour l’engagement, non pour la dépossession !
Celui qui veut garder sa vie-forteresse la perdra. L’orgueil comme je l’ai vécu et d-écrit n’est pas le seul – et l’on trouve d’autres formes : les ruines d’une vie tournée vers une déchirure avec complaisance, les châteaux où la paresse et l’indifférence


Trois phases, trois déphases
 
Trois étapes qui se suivent et contiennent chacune une porte de sortie et un risque d'orgueil :

Face au mal-être, soit la parole, soit l’orgueil aveugle et protecteur. Fondement de l'assurance en des conquêtes, un soi-même réifié (ex : musculature) aliéné, mythifié, qui fonctionne un petit moment.

Face au désespoir, c'est soit l'obstination, soit un lucide « je n’en peux plus »… L'endurcissement face à la stérilité à recevoir ou donner de l’amour, obsessions de soi des regards, réactions en chaîne, haine, mépris croisé de soi et des autres.

Face à la chute libre, c'est soit la fin du soi, soit sa reprise étrange et parfaite dans l’amour divin. Abandon du mythe et aveu de faiblesse, rupture / pour l’engagement, même en équilibre instable. La confiance fondée sur un amour indéfectible, et la confiance à conquérir au quotidien, avec lucidité et intelligence.