21 oct. 2022

[Kogi] < A desire to live in this world [...], as generously as possible... >


< Do not deprive yourself of this yearning, if you can: a desire to live in this world, the world that constitutes us, the world we — partially – make up, to participate as long as possible, as generously as possible, as curiously as possible, to explore some part of the MYRIADIC HYDRA,
to translate, to share and be shared; one anomaly among millions, equally unequal, colourful mindlacking drones, chordate or not, cabled or not, carbon-based or beyond [...].

This most alchemical desire towards the tangled and the labyrinthine – barring agony, suffering or despair... and also barring itself, for it is corrosive & antithetic – do not deprive yourself of the quotidian search for more. >

— Winnie Bull-Smithson, No Rebirth: Letters, Collected Writings, 1983



[Kogi] Pensées Discordiennes #1


< La croyance selon laquelle l'ordre habituel est le seul possible, le seul vrai, liée à la croyance que l'ordre est bon et le désordre mauvais : voici le premier aveuglement. Nous l'appelons illusion anéristique – le préjugé anti-Éris. La croyance selon laquelle l'ordre est nécessairement mauvais ou oppressif, liée à la croyance qu'il serait mieux ou même possible de se débarrasser des structures, des notions d'ordre et de désordre : voici le deuxième aveuglement. Nous l'appelons illusion éristique – le préjugé pro-Éris.

Confondre tel ordre avec le Réel, confondre tel désordre avec le Chaos, revient en réalité au même : le désordre est l'envers d'un ordre, un résidu et un corrélat, une variante dérangeante du résidu de tout ordre. Chaque ordre est un découpage, un ensemble de filtres et de traductions qui laisse nécessairement de côté certains aspects du Réel, qui creuse des points aveugles. Chaque ordre exprime le dynamisme inépuisable du "Chao" originel, sans pouvoir le circonscrire ou l'épuiser. Il n'y a pas de symétrie entre l'ordre et le désordre, mais c'est en quelque sorte l'ordre qui donne son "informité" au désordre.

En vérité je vous le dis, l'ordre comme le désordre dépendent de la grille et de la forme de "vie", et nous ne pouvons pas faire sans grille, pour la bonne et simple raison que "nous" appartient à la plus banale des grilles. Et selon les structures, voici un ordre et un désordre, et selon d'autres xtructures, voici un ardre et un désardre, et ᠪᠤᠰᠤᠳ ᠪᠦᠲᠦᠴᠡ ᠲᠡᠢ ᠬᠠᠷᠢᠴᠠᠭᠤᠯᠬᠤ ᠳᠤ ᠥᠭᠡᠷ᠎ᠡ ᠨᠢᠭᠡ ᠳᠢᠭ ᠵᠢᠷᠤᠮ ᠪᠠᠶᠢᠳᠠᠭ...

Et nous n'avons ni une vision claire de l'espace de phases des structures, ni celui des critères, analogies et traductions. Pour le moment, nous pouvons simplement éviter les formes les plus basses de l'illusion anéristique (premier aveuglement), les formes les plus basses de l'illusion éristique (deuxième aveuglement), pour mieux respecter Éris, la folie et l'impureté de son culte.

Nous avons tout au plus une dialectique sans direction, sans principe, sans kénose ni hénosis, une mystique du monde, un mouvement immanent, analogue au mouvement quasi-aléatoire des molécules, à travers la multitude kaléidoscopique des corps et des psychismes, des voiles qui sont aussi des voilures, etc.

Et sans obligation, bien sûr : cette logique du paradoxe est une structure parmi d'autres, aux côtés de mille dogmes & des mille trajectoires. De même la dissolution de l'égo, à laquelle l'Érisianisme ne prête aucune force normative particulière, aux côtés de l'identification affective. Tout au plus peut-on dire que l'Érisianisme prône que ces structures ne reviennent pas au même, et que "jusqu'ici, une logique a l'air de subsister".

L'indifférence d'Éris au regard de ses adeptes, qu'elles soient maîtresses Zen ou non, qu'elles soient des Mames ou qu'elles s'ignorent, n'est rien d'autre que le mystère du nouménal (Réel, Chao), en tant que concept vide. Le chaos pur n'est pas un désordre, ni un concept dénotatif, mais une simple opération de négation grammaticale. En échouant à désigner ce qu'il vise, ce concept ressemble aux machines mystiques traditionnelles. Mais ce moteur (engine) fonctionne pour rire, et préfère la légèreté : "Éris" peut nous faire rire, et d'Éris "nous" pouvons rire. La forme du kōan est bien pratique, avec le tétralemme, la traversée des noms, et autres ritualisations d'origine védiques, bouddhiques, soufies, ou autre. Rien de moins Érisien que d'idolâtrer Wilson, Crowley ou Goldman, les préjugés ou la forme de leurs pratiques.

L'Érisianisme ne prend pas trop au sérieux ses propres instructions ni commandements parce qu'il les prend très au sérieux. Cette ironie n'est pas une logique supérieure, mais une attitude libératrice et une pratique, en vue d'une maîtrise agnostique et performatrice des ordres. Dans sa forme spirituelle et son contexte d'inception, la blague sied mieux à la quête et la formulation des "méta-vérités" que la version (méta-)rationaliste.

Nous arrivons à la fin de ce deuxième chapitre. Bien entendu, à mesure que je l'ai formulé, j'ai douté de manière systématique de chacun des points qui le constitue, et renié 44% de ce que j'avais déposé sur le papier. Je suis, après tout, unx Xaxe discordiennx relativement orthodoxe, ou au moins encore pour un temps. La Déesse prévaut. All Hail Eris. Fnord. Peace oût, see you on the next one. >

— Diane Errata, Discordian Thoughts, tr. personnelle, 20??



1 oct. 2022

[Kogikwot] Chère Hana / Il me semble parfois que l'avenir...

 
< [Chère Hana],

Il me semble parfois que l'avenir de nos réussites collectives transporte un message plus dur encore à supporter que le futur de nos échecs : nous nous battons pour être l'ancêtre inepte de la fable, tout au mieux, l'ancêtre de quelque chose d'autre qui n'aura pas le même regard, ni la même peau. [...] [Et pourtant] je mènerai ce combat, car tout n'est pas "bonnet blanc et blanc bonnet" *. La puissance de la vie en moi souhaite ardemment rendre la maison plus {étrange} **. [...]

Prompt rétablissement,

Ton Eugénie.
>

— Evženie Navrátilová, La loi des autres : Correspondances 1887-1915, tr. fr. 2007 ; * en français dans le texte, ** peu lisible, peut-être {zvláštní}.