23 déc. 2010

[Poé] Galiléen


Christ a été le son qui crée
Il a laissé Baal au placard
Depuis cela les dieux créés
Sont restés peu bavards

Christ a aussi choisi la croix
Christ a mis Satan au tapis
Telle orchidée renaît, tel croît
Et l'Ange garde sa misanthropie

Babel, Paris, Orion, les galaxies
La steppe, les marais, la Terre
Les pauvres séraphins parcourent
A pieds, sur les nuées, dans les taxis

Une lande si loin de tout
Christ est déjà passé par là
Pourtant quelque chose me dit
Que ce n’est pas la dernière fois



2010

16 déc. 2010

[Poé] Interstellar

 

    Dieu parle dans le réseau des particules
    Dieu dit : "Les étoiles porteront dans leur cœur
    La fusion nucléaire" – ainsi elles l’adorent
    "Chacune aura son coloris"

    Alors la vie crépite et elle s’enflamme
    La croix libère son arche dans l’immobilité
    Le déluge de rayons et les vents solaires
    Ça fait danser les électrons

    Il fait dehors moins cent degrés je vois
    Les prêtres suer du sang, et là
    L’astre s’effondre sous son poids
    Soudain – Dieu a perdu le goût du sang

    La pierre de feu l’a rassasié – le météore
    Profondément fiché dans la chair de sa chair
    L’ogive – ou perle du matin – la bille
    Au milieu – elle brille – du front divin

    Souffle ! Unifie ichti-squales et cétacés
    En-deçà des histoires, stigmates respiratoires
    Signe des diagonales d’un losange noir
    Elle – parmi les galaxies païennes –
     
    Brille à toujours

 


Galaxie M-51

 


11 déc. 2010

[Poé] Reste à graver


< L'aède se lève pour interpréter un personnage méconnu : l'Humaniste-chrétien-qui-s'ignore. Voici les paroles de l'hymne, accompagnées au bouzouki primitif :

"L’homme qui marche et son clan
Dont la peau constellée de métal
N’a rien de naturel

La nature l’imite par erreur
Les lames de l'herbe et ses feuilles d'or
Ses sacrifices et ses efforts

S’élève alors le chant tribal
Qui n’a rien d’une douleur
Aussi spontané qu’une peinture

Ses cheveux pressés livrent une huile
Le même laser aiguise les armes
Cuit le gibier le parjure avale les morts

L’homme qui broute et son village
Poussent les cornes dans les mains
Farines et coquillages et parfums

Gravée au glaive la rebelle
Les arbres fuient de la lande
Leurs cicatrices sont fertiles

Rires travail et rages de guerre
L’air sature les os le vacarme
Les cordes vibrent dans l’esprit

Un vase brisé sur le rétif
Sur son corps le clan rature
Sur les rotules pose l’écriture

La femme qui chasse et tresse
Ses reliures sont solides comme
Ses entrailles élastiques

L’homme imagine partout
Dès toujours plein de légende, relie
Cela n’a rien de naturel"

La dernière note vibre dans la grotte. L'aède reprend lentement place dans le cercle des dissemblables avec un sourire amusé : son instrument est vermoulu, couvert de moisissures. >





Reste à graver, poème de 2010
notice narrative de 2022