17 déc. 2017

[Poé] Ylieu dédia


Ylieu l’aède ne chante plus. Les muses le musèlent, sa voix crisse et s’encrasse, la salive s’esquive...
Ainsi élabore-t-il ce plan saugrenu, périlleux : graver dix lieues de grève, monter au flanc des crêtes braver le temps bilieux, contracter une dette, croit-il, cueillir le son final. Ylieu s’élance, crapahute, à hue à dia vers le sommet tempétueux.
Voilà qu'il y est, au plat du vide, la peau bleuie et haletant, luttant du mieux qu’il peut : sans luth ni remède, sans diapason, délie son plus beau *La*.
Et un éclair crépite, et la pluie cesse un peu, et à une lieue de là, un vieux balbuzard dit : « krée, krée, yip, yip ». Ému, déboussolé, Ylieu s’écrie : « Il y a des dieux ! », embrasse le plateau, bénit la Lyre et le Diadème, émet un râle et puis bascule.
Et c’est ainsi qu’Ylieu, sénile, fut sourd aux "éléments" les moins "mélodieux" : et c’est ainsi qu’Ylieu dédia ce mont pluvieux, ce temple nu, aux plus latents des dieux qu’il y a

Ylieu dédia — sept 2015 / repris déc 2017

merci à Pierre pour avoir remarqué que le résultat
d'un exercice de rimes valait la peine d'être repris

7 déc. 2017

[Poé] L'inverse d'un empire


L'inverse d'un empire : un plafond qui éclate
De là se multiplient les voix et les caresses
La légitimité du puzzle à X pièces

Et tu découpes celles qui manquent

'L'inverse d'un empire', 7 déc 2017
pour Fox (en secret)

[Poé] Mon empire

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Mon empire est un sol qui cède et s'éparpille en pétales sous tes pieds
 

Chatouille plantaire et tu passes au travers
 

Je te donne tout ce que je possède : l'appui momentané d'un vide multicolore

'Mon empire', 7 déc 2017