17 déc. 2017

[Poé] Ylieu dédia


Ylieu l’aède ne chante plus. Les muses le musèlent, sa voix crisse et s’encrasse, la salive s’esquive...
Ainsi élabore-t-il ce plan saugrenu, périlleux : graver dix lieues de grève, monter au flanc des crêtes braver le temps bilieux, contracter une dette, croit-il, cueillir le son final. Ylieu s’élance, crapahute, à hue à dia vers le sommet tempétueux.
Voilà qu'il y est, au plat du vide, la peau bleuie et haletant, luttant du mieux qu’il peut : sans luth ni remède, sans diapason, délie son plus beau *La*.
Et un éclair crépite, et la pluie cesse un peu, et à une lieue de là, un vieux balbuzard dit : « krée, krée, yip, yip ». Ému, déboussolé, Ylieu s’écrie : « Il y a des dieux ! », embrasse le plateau, bénit la Lyre et le Diadème, émet un râle et puis bascule.
Et c’est ainsi qu’Ylieu, sénile, fut sourd aux "éléments" les moins "mélodieux" : et c’est ainsi qu’Ylieu dédia ce mont pluvieux, ce temple nu, aux plus latents des dieux qu’il y a

Ylieu dédia — sept 2015 / repris déc 2017

merci à Pierre pour avoir remarqué que le résultat
d'un exercice de rimes valait la peine d'être repris

7 déc. 2017

[Poé] L'inverse d'un empire


L'inverse d'un empire : un plafond qui éclate
De là se multiplient les voix et les caresses
La légitimité du puzzle à X pièces

Et tu découpes celles qui manquent

'L'inverse d'un empire', 7 déc 2017
pour Fox (en secret)

[Poé] Mon empire

.
Mon empire est un sol qui cède et s'éparpille en pétales sous tes pieds
 

Chatouille plantaire et tu passes au travers
 

Je te donne tout ce que je possède : l'appui momentané d'un vide multicolore

'Mon empire', 7 déc 2017

16 nov. 2017

[Apz] Renaissance réservoir

 
« Je suis un monstre, je suis l'Hydre de Lerne, alors ce n'est pas très malin de réussir à me couper la tête »
 — Xval, ce matin

10 nov. 2017

[Psykogi] Devant soi-même (2)


Ce moment où il ne combat plus rien d'extérieur. Il aura mis le temps, et encore, rien n'est gagné. Ce moment où il sent et sait, sans le vouloir, qu'au-delà d'un certain point – un seuil atteint – ses raisons deviendront définitivement des excuses, et ses revendications légitimes se changent en imprécations ridicules.

Mais il est perplexe, il résiste : "NON ! Je ne me suis pas apitoyé : j'ai pris soin de me battre... Et je ne l'ai pas caricaturée ! J'ai pris soin de corriger mes réactions, dans un sens comme dans l'autre, j'ai retenu ma rage et limité ma parano... Je l'ai prise en compte, j'ai... Tous ces efforts, mais je devais apprendre à dire non ! à poser des limites !, peux pas renier ça, ni accepter qu'elle ait..."

Il commence à sentir que tout ça ne change rien. Ce n'est pas qu'il ait eu entièrement tort, ou qu'il n'avait aucune raison d'avoir la rage, ou qu'il n'ait pas fourni d'efforts réels, que son investissement ait été frauduleux, insuffisant, ou mauvais. Il a certainement manqué de prendre au sérieux certaines choses, il a discrédité, blessé à tort, lui aussi – mais ce n'est pas cela non plus. Ce n'est pas qu'il ait eu tort d'apprendre à dire stop, ou qu'il n'ait eu aucun mérite, ce faisant. Mais ces choses ont été établies, reconnues en partie, et passé le point où il se trouve, doivent être dépassées car elles le peuvent.

Sinon, s'il s'obstine, ce sera à lui d'être faible, lâche, et un poids pour lui-même. Ce moment où il doit se vaincre lui-même, et que personne ne l'y force plus, que rien d'extérieur ne le contraint à la souffrance et que personne ne lui impose ce combat ni ne l'attend dessus. Tout le monde a bougé, ou peut-être pas : cette question ne le regarde plus.

Ce n'est pas qu'il soit devenu une loque et qu'il comprenne qu'il doit se ressaisir : c'est très bien d'avoir réussi à ne pas devenir une loque et de s'être imposé de faire son lit et de se lever pour aller au travail, de ne pas s'être permis de faire du mal autour de lui parce que lui avait mal : c'était très bien tout ça, bravo mais on s'en fout. Regardez-le, c'est rare : à cet instant, il voit et sent qu'il est véritablement seul, et il débat (se débat) encore un peu avec lui-même, cherche à détourner son regard de cette pensée. Il sent avec terreur qu'il pourrait vraiment choisir d'abandonner la justice (contre elle, contre lui) et la perfection (contre soi, contre elle), et le combat tout court. Et ce serait juste et parfait, si ce n'était pas si difficile.

Ce moment où il se passerait bien d'être lucide, où il doit se défaire des légitimités et des mérites qui le plombent, en plus de se débarrasser de l'adversaire de fait (à tort ou à raison, encore une fois, on s'en bat), et non seulement parce que "elle" n'est plus elle : devenue spectrale et fantoche.

Ce n'est plus de son ressort. Lâche tout ça. Laisse tout en plan, car tu n'as plus aucune excuse. Ça y est, il pige enfin : ce n'est pas un pardon, ni un oubli du mal (d'elle, et de lui-même), ni un déni du bien (dont elle a bénéficié de lui, et dont il a bénéficié d'elle, tellement profondément – il oublie bien vite et trop souvent ce qu'elle a fait pour lui, ce qu'elle aussi a pu faire d'impossible pour lui).

Ce n'est ni un move tactique, ni une contre-attaque, ni une défaite : c'est une sortie. Une sortie de l'évènement de la séparation, une séparation de l'évènement. Une put*** de Aufhebung grandeur vécue, un vrai moment de liberté et de bonne foi sartrienne, un dragée de générosité cartésienne sorti de nulle part.

Shit happens. Acceptation, et si personne ne lui impose ça de l'extérieur, il ne peut plus se plaindre ni montrer du doigt : ce n'est plus le même jeu, et pour le moment, l'autre jeu, celui des rétributions, est hors-circuit (FIOU). Nécessité d'agir, de se bouger le gras, mais nécessité devant soi, hors de tout regard, de toute justification, qu'elle soit mauvaise, biaisée et nuancée, ou légitime, dehors de toute injonction, de tout reproche réel ou imaginaire, de toute compensation, de toute vengeance ou manigance externe, et sans aucune attente envers un-e autre ou l'avenir. Dehors soi-même, et face à soi, très seul. Ce n'est pas du tout amusant, et ça lui provoque sourire amusé. Ça y est, il y est.

À la limite, s'il y a quelqu'un en face, c'est une fiction impitoyable de soi-même. C'est le Major – Motoko Kusanagi, celle dont le cœur n'appartient pas, et ne t'appartiendra jamais – qui, impassible et sans être excessivement impliquée dans ton cas, te fout une gifle en pleine gueule et te dis froidement qu'elle n'en a rien à foutre de cette fille et de sa faiblesse réelle ou fantasmée, et de ce qu'elle t'a fait, ou pas fait, ou refait, il y a dix ans ou ce matin : là c'est toi qui l'agace et toi seul-e, et tu l'ennuies. Elle se fait chier, et la ville attend – avec son cortège d'indifférences : terroristes d'État, corporatifs, religieux. Offre-toi une faveur : fais-toi violence.

Mais regardez. Il patine, ou plutôt non : il a perdu le fil. Il a décentré son regard, il s'en est félicité un instant, et puis en un sursaut, retombé dedans. C'est le combat glissant et impitoyable :
1 - vous savez qu'ici l'ennemi, c'est vous,
2 - vous sentez qu'ici aucune victoire immédiate n'est possible,
3 - et vous sentez qu'une fois le dos tourné, le combat lui-même vous échappera des mains, l'arène se dissipera et s'effacera devant toute pensée de victoire, tout plan d'action, aussi bien tordu que légitime
Je ne plaisante pas : ce ne sont plus seulement vos vieilles gerçures, vos vieux plis et tricks cycliques, vos recours réflexes et vos psychiques signature moves qui sont en jeu, ce ne sont pas seulement vos réactions de défense ou d'ego qui vous aveuglent, mais aussi les combats légitimes, les leçons apprises dans la douleur, les espoirs et la recherche honnête de l'équilibre des torts, même ce que vous aviez admis et reconnu, ce que vous avez gagné de haute lutte, et le statut de victime que tout le monde s'accorde à vous reconnaître...

Tout ce qui vous occupe vous replonge dans le calcul et menace de recouvrir le seul défi, le seul effort qui compte : celui qui n'a aucun public, qui ne sera jamais reconnu, pris en compte ou récompensé. La base. Impitoyable. Et glissant.

Il sent que tout est plus simple quand il n'en a plus rien à foutre de lui-même, et passé un certain point, un certain temps, passé un quota de pages écrites en souffrant et de séance de psy et de kiné, il est arrivé là. Il se lâche la grappe, prend la décision (libre, seul) de ne plus avoir d'excuse et d'être absolument intransigeant envers lui-même.

Le moment où le rictus invincible et meurtrier, né avec la détermination de s'en sortir et de ne rien lâcher, né avec la rage de s'en sortir vivant et d'obtenir ce à quoi il a droit, fait finalement face à soi-même, à la tâche insupportable, contraire à son essence, de réinventer la vie, d'accepter de mourir, de passer à autre chose, mais ça ne vous concerne pas du tout, ça ne vous regarde plus.


— épilogue

S'il réussit à confirmer cette lancée par quelques victoires sur lui-même, il devrait sentir qu'il peut aussi abandonner la culpabilité née de l'abandon. Il commencera lentement à pouvoir arracher la seconde peau du mépris pour lui-même et disperser le nuage de voix accusatrices qui alimente cette peau exogène, cessera de se sentir coupable d'avoir eu des besoins, d'avoir demandé des assurances, d'avoir cru aux paroles dites et de s'être attendu aux promesses faites. Il n'a pas l'air d'avoir cette force pour l'instant, mais surtout, il a une autre tâche, une condition préalable.

Je ne fuis plus dans le non-humain (anesthésie), le fusionnel (fantasme), le souvenir souffrant (mélancolie), ni l'oreiller (régression) ; je suis impitoyable et seul juge, mais ne juge que moi-même. Fierté : être normal. Perfection : utterly unimpressed by moi-même. Défi et secret profond : je suis passé à autre chose (quelque chose m'a passé à autre chose). Bataille inattendue et interminable. Mais je suis patient. Mes têtes repoussent, et elles retournent à leur business. Je laisse les autres s'occuper des torts et des mérites, je suis à côté de ça : j'ai un univers absurde à explorer et une existence quelconque à parfaire.

< Face it, move on for your own sake
And since you're there
Be f*****g awesome >


début nov 2017

7 nov. 2017

[Psykogi] Devant soi-même (1)



Devant soi-même. Si tu avoues être obsédéx par le fait d'avoir raison, cet aveu ne changera pas la donne. Au contraire : tu l'avoues moins pour changer que pour avoir raison en l'avouant. Cracher le morceau, c'est encore se justifier, chercher une issue honorable. Qui sait ? Surtout pas soi, surtout pas moi. Ta gueule, un peu, quand même – je me dis.

Évidemment, il arrive que ce soit la souffrance qui parle : hors les gonds, ça hurle et ça part en sanglots. Mais la plupart du temps, et même aux moments des aveux – devant soi-même – c'est le conciliabule, ça discute et ça prépare, ça complote, ça exige réparation, ça juge et ça compte les points, surtout les miens, les miens, les miens, mes précieux points.

Les vrais aveux existent – lâchés, admis, sans aucune autre visée que l'aveu, dans l'instant, mais c'est rare et précaire. Une simple défaite, sans excuses ni promesses, c'est doublement indécent. Le plus souvent, l'aveu est une demande de pardon qui s'impose comme suffisante, qui oblige une réponse, qui serait choquée de ne pas être accordée.

Et parfois même la personne s'inflige des aveux si sanglants, si lourds et si gros, qu'ils sont flatteurs. Devant moi-même ou devant les autres, je me reproche tout et trop à la fois : "elle va trop loin", et en s'accable ou s'effondre, de telle sorte qu'on ne puisse que l'apaiser, corriger les aveux, la relever, la consoler. L'auto-dénigrement pollue la reconnaissance des torts, et l'aveu se mue en facilité. Autre indulgence envers soi-même : faire mine de tout prendre pour ne rien devoir porter.

Par ailleurs, comme les rares aveux sincères et spontanés sont si précieux et immédiatement reconnaissables, si particulièrement productifs et si helpful relationnellement parlant, on tend à vouloir les reproduire, les mémoriser pour les réchauffer et les rejouer plus tard, en faire des instruments, même de manière inconsciente.

L'autre jour, je m'entendais me parler à moi-même dans ma tête, comme souvent, me justifier, rejouer les dialogues, me donner les raisons, faire la liste, calibrer les évènements, les mots donnés et reçus, chercher un nouvel angle... Et soudain je me souviens avoir pensé : "quel bullshit...", à moi-même. J'étais en train de me justifier devant moi-même et devant les autres, à l'intérieur, tous ceux et celles qui m'accusent, réels et imaginaires, toute la culpabilité et tout le ressentiment, et légitime ou non, j'étais en train de (me) griffer, de me battre et d'ériger des palissades avec des échardes et des pitbulls en bas, et soudain j'en ai eu ma claque.

Je n'étais pas particulièrement malhonnête ou biaisé, mais j'étais tellement biaisé. Full of crap, en général. Absurde et négligeable : vain, tout bêtement. Le jeu entier m'a pari impossible, épuisant, inutile, dégradant. Le jeu décisif de la justice et des intérêts. Le jeu de l'honneur, de l'égo, de la réussite, des justifications et des valeurs. Ce n'est pas n'importe quoi. Mais le seul jeu qui soit ? Pas sûr –

La question n'était plus de savoir si j'étais partiellement ou totalement justifié dans ma souffrance, mon injustice et mes griefs – je l'étais toujours, au fond, et même à cet instant. Et je me trouvais cool et supérieur, indépendant, dans cette prise de distance, et je n'avais aucun mérite, et je me comparais en souterrain. Je ne cesse pas d'être ce pervers de l'auto-justification. Simplement, je fais un break, ou mieux, un exercice : je ris de moi.

Twist the spine
. J'essaye de m'en battre : l'attribution des fautes, des responsabilités, des prix ou des victimes. Ou encore : je les attribue globalement, rapidement, de manière ouverte et malléable, moins obsessive, et vite rangée. Une fois que c'est fait, je ne cède pas au désir de me mépriser : je tente de résister – de manière symétrique – à la flagellation, à la litanie du pauvre pécheur victime d’orgueil. Je remets la rétribution à plus tard, à jamais, une autre fois, quand et surtout – si j'en ai envie un jour – si d'autres me le demandent. Les personnes qui ne tiennent pas parole, plus ou moins faibles que moi, ou plus fortes que moi, peuvent bien exister et interagir avec moi, elles ne méritent rien, et je ne leur dois rien, et elles ne me doivent rien.

Pour l'instant et peut-être pour toujours : "on s'en bat". On verra, et concernant les torts dont je serais victime : j'aurai droit à l'erreur, j'aurai droit de ne pas respecter ce qui serait juste, j'aurais le droit de me tenir à mes intuitions ou non. Pour les torts qui me sont reprochés : je foncerai droit à la correction, à la réparation, sans passer par les aveux. The inconsistency principle.

D'ici là (virtuel), ce qui est certain, c'est que je sature d'entendre ma propre voix intérieure, qui cherche toujours à corriger, maximiser, prendre et donner, rendre et ré-attitrer, qui cherche à s'en sortir et à voir les choses correctement.

C'est là, et c'est comme ça, si jamais, mais je n'attend plus la raison ni la justice. C'est mal, mais cela donne des meilleurs résultats. J'ai le droit de m'en foutre ad vitam, d'en être libre tout en le gardant écrit quelque part : je cesse de ma promouvoir mentalement et d'être le gardien de mes propres intérêts. Mes bullies peuvent bien gagner et en jouir. Et alors ? Le futur est différent, ma vengeance est déprimante. Cut the crap. Bah blah whiny crap. Mute. Stop. Disconnect –

C'est à cause de moi ? Ok, c'est moi. C'est à cause de toi ? Ok, c'est toi. C'est personne ? Ok, c'est comme ça. C'est nous deux, mais un peu plus+ de sa part ? Ok, ok, certes, et surtout done. Et maintenant je fais quoi ? Je répare, ou je publie mon état. Je propose, je tord les attentes, je déjoue le pathos. Zéro vénère, c'est inutile – ou alors j'écoute celui des autres. Zéro ajout, zéro drame inutile, et si tristesse il y a, on laisse venir, on la respecte, et puis elle passe. C'est tout : reste les autres comme ellils sont, l'utile, l'instant, l'étrange, les possibilités nouvelles, l'indépendance, les plans d'avenir, les risques entendus, les nouveaux horizons. Mais les pleurs et les poing sur les murs « j'ai dépassé la dôse », comme dirait l'autre.

En théorie, et de manière générale, la maxime de l'indépendance réciproque fonctionne très bien : < ne fais pas de tort aux autres, respecte leurs limites ; ne supporte aucun abus, n'accepte aucune connerie >. Free of charge by default, mais fidélité à la parole donnée. La version opérationnelle, tirée de la stratégie optimale pour favoriser la coopération et minimiser les abus en théorie des jeux : < punition immédiate ; pardon inconditionnel >. Mais elle n'est pas si minimale, bien au contraire. Devant moi-même, combien de fois est-ce que je la suis vraiment ? Quitte à ne pas connaître la justice, autant être aléatoire devant soi-même, et envers les autres.

Mérite zéro, rien mérité. Action et bien-être. Tactique et nouveauté. Acceptation et pragmatisme. Tout le monde est inclus dans le calcul, sans exception pour moi. Les conditions de la générosité, ou non. Tout le monde au même niveau que moi et moi au même niveau que tout le monde. Générosité de principe, dépassionnée, si possible, et sinon tant pis. Devant moi-même : les autres, autrement. L'échec de la justice idéale et des aveux parfaits libère l'énergie pour construire autre chose, ici ou ailleurs, au besoin – sans nier ni justifier l'abus, si possible. Moins ambitieux, plus réel. Et salement reposant.
début nov 2017

17 oct. 2017

[Poé] Rhubarbe crue



Aller jusqu'au bout
Terminer avec la pelle usée
Quand ça va mieux, se replonger un peu
Pour être sûr-e
Pour être sûr-e qu'il n'y a pas pire
Vous voyez
Vous aviez encore quelque chose à perdre
Et puis sortir la tête en souriant (ou non)
Tous vos alter egos autour de vous
Tous vos anti-fidèles inattendus et loyaux
Présents même lointains
Faire le pontage coronarien avec les ustensiles de cuisine
Et s'asseoir
Enfin
Mastiquer une botte de rhubarbe crue (dîner)
En discutant chimie et parfums avec cette fille
Une longue journée
Vous êtes allé-e jusqu'au bout


Rhubarbe crue, ou l'amitié au bout du tunnel
Lausanne, oct 2017

11 oct. 2017

[Apz] On the weaponization of language


"It is not enough to mark language as a target and to use it as a tool [to protect and promote objectivity]. [...] We have to surgicalize the weaponization of language, and diversify"

"When language is a minefield, invent semiotic helicopters"

— Wendy Thorzein, 'Tools of Posthuman Rhetorics
Symposium', 2020

1 oct. 2017

[Jet] La voie obscure (1) TEST TEST FLOW


TEST. TEST. CECI EST UN TEST SON & SYNC.

Picture some dude health goth standing in d'woodz. Ts' nite, ts' dark all 'round n' y'dn' see nodn'. Dude's start talkn' shit in'iz ead 'n sm' weiiird lingo. Yo' chek it oot or' noot

J'approche les deux oreillettes et les retiens à distance. Entre le pouce et l'index, je les tiens serrées à la base du cou, comme deux petites vipères. Elles piaffent, crachotent déjà leur jus immortel et percussif. Rien qu'un schéma, rythme étouffé, couleurs fantômes : une partition sèche ou un squelette qui danse, qui claque et se contorsionne, une version murmure-enragé, déjà très familière et très évocatrice, mais rien d'équivalent à ce qui vient. Pas encore mis les écoutrisses. Crachotent à quelques centimètres. Puis. J. Léz. App. Roche. Ah. Ww. Les. Coule, chacun-e et simul. Tanément, au creux des aurifices :


Hellooooooo. Le fluide syncopé m'envahit tout d'un coup – pris corps – épeux, voluminant, déversé dans les recoins de mon crâne, imbibant tout, baignant la vie entière dans un bad, bad groove mol et métal (so hip, k-pop, jay-spot, don' stop, etc.). Double morsure et venin en continu. J'ouvre lentement les yeux, et c'est maintenant l'espace entier – depuis la moelle des choses, qui meurt et renaît éternellement – l'espace entier qui vibre et qui pulse et hoche du fondement et valide. La forêt surchargée qui cesse d'être une forêt – bop bop – les restes d'un mur païen quelque part, qui ne renvoient plus à rien d'autre qu'à leur propre démence – bop bop bobop – toute pseudo-minérale, les objets noirs et les objets profonds – bop bop –, les fondrières, les monolithes moussus et fracassés, les insectes volants, rampants, sauteurs et l'air drapé lui-même : tout le monde approuve ma ziq et bop la "tête" les pédoncules et les antennes en rythme et 'duh!

Coz iff yo not agree widduz dark uni-verse, 'en okidoff. Ye$s sir, 'uhs't nok'd off!

Get back, tout est plongé dans l'ombre, tout est black slime ou mat /səˈblʌɪm/, chimie et rampage facial sans hiérarchie ni dominant-e – ce n'est pas un fantasme ni une vue de l'esprit : c'est un sophistiqué reboot mental – et le champ de la maîtrise qui ne débouche sur aucune supériorité, aucune propre-importance, aucun contrôle, aucune appartenance aux causes ni aucune possession des effets – la pure maîtrise des effets de changement, toute préférence rétractile, pavillon et shotgun du moment, pur plaisir amoral des rythmes et des formes qui s'invaginent, pur plaisir de l'intervention – La lala – maximale ou minimale, pas la question –

Revanche du placébo sur les amphés, du corps athlétique et cérébré sur l'idée qu'ils seraient incompatibles – alliance poussée entre cortex et trapèze, biceps et hypophyse –, confusion des clichés, revanche des gros-ses qui bougent à la vitesse de l'éclair et des perches qui mouvent au ralenti, revanche des asexuel-le-s extravertie-s et des "nymphomanes" du secret, des inventeuses qui grimpent aux arbres et des rhinos qui planent en faisant des maths – La lala –, et revanche contre rien ni personne si ce ce n'est l'illusion des schèmes et de la vengeance, tout marqueur d'équilibre absent (rien n'est too much ni trop peu, ni extrême, ni superficiel, ni harmonieux any more : tout est égal, tout est intéressant à son tour et tout est permis sauf l'ennui), bref le rush sans entrave, de facto toujours rather experimental – La la lala, bam bam

La pure maîtrise des effets : elle repose sur la pointe d'une épingle, nécessaire... et illusoire : les "lois de la nature", ces stocks de régularités modélisées qui me font l'amour tous les soirs et que je fous le dos au mur, pour les apprendre tous les soirs, en solo, en dépense physique et en beat – ces "lois" que je fous le dos au mur, sauf qu'il n'y a pas de mur, et c'est le vide qui fait office de balle dans cette roulette russe, quand le vide arbore la floraison du possible, l'arbre du million des possibles, le seul partenaire sexuel auquel je ne renoncerai pas, le seul sexe qui me fasse arracher les rideaux –

Tout émet – oh my! c'est quoi ce truc ? –, tout essaime – wow, crazy fungi –, tout est sciure, dont chaque copeau et chaque poussière, complètement folle et mégalo, se voit pulvérisé-e ou compacté-e dans un nuage sans précédent, rapide, lent (référentiel ? none), tour à tour midtempo, downtempo et nightcore, l'œuvre d'art pour le fun – le mien ? pas sûr, la puissance fuit de tout côté, elle me vient du dehors – mode principal : why not? oh, just no déjà-vu or déjà-fait – yes sir – tout est géant, génial, tout est matériau inquiétant (et moi d'abord : vous m'éclipsez), tout est prédatorial, tout est noirçure à digérer et "je" fais clairement partie des composants, ou plutôt du compost : l'identité est un déchet friable et (un) peu fertile, une coquille comestible, une pelure (trop) acide... – oh yeaa niou song 


Un million de points de vue oublient qu'ils sont profondément incompatibles et nés de chaque instant, éphémères : ils communient dans mon rêve sombre et sonore, lubrifiés par d'la bonne (keski, c'est d'la bonne) graisse auditive. Plasmode orange dessus : aveugle, exubérant, motile. Regard furtif d'un kinkajou féral, en contrebas. Ampoules de Lorentz : crépitent dans le museau des raies. Sporophyte à l'envers et rhizome de fougères. Caché, polype sans stade méduse, virage à 190°. Tout près, polymathe en détresse. Sporanges des algues rouges. Troncature de l'œil d'une libellule. Etc. DumDum. Wuzwuz. Kzkzkzkzkzk.

Renfonce tes mitaines, étire ton dos, craque ton échine, balance tes pieds, quelques passes, changements d'appui, au hasard, quelques sauts. Super-pouvoirs mon cul. Fatigue, normal. Tu veux la drogue ? Non merci, pas besoin

Mon crâne me fait déjà l'effet d'une plateforme de forage dont l'équipement usé pointerait vers l'extérieur, prise dans la canopée sphérique et tempétueuse de Jupiter ou un truc. Mes cavités oculaires, ressenties comme deux espèces de cônes de circulation invertis, deux congélos en entonnoir, creusés dans la chair d'une autre dimension – apparemment non-euclidienne – sur la paroi desquels se reflète un second ciel étoilé, sans constellation identifiée, au fond desquels une forêt sous-marine de cellules réceptrices ripaille au ralenti. Appendices négatifs, puits de lumière pour ondes déboussolées – lumière noire et boîte de Pandore : l'autoroute va dans les deux sens. Rappel mnésique en temps réel, ou modèle ultra-condensé. Rémanence extrême et superpositions. La mémoire lâche les amarres, enfonce le casque 'IMAGO' et propose librement au monde ses mutations plus vraies que nature, stimulantes, hallucinées

Les mains deviennent des espèces de tentacules fractales, sans dessus ni dessous, sans paume ni arrière, l'index donne lieu à un joli bouquet de stylos Bic incurvés qui vivent leur passion et s'expriment où ils peuvent (et frissonnent de plaisir quand ils ont terminé une phrase, comme certains chats comblés de gratouillis), le pouce perd le nord et se dilate jusqu'à devenir un genre de brume hypersensible (imaginez : vous sentez ce qui traverse votre "doigt", les variations texturelles de son intérieur et ses températures intimes, au lieu d'en sentir le contact en surface), et dans mon abdomen, je sens quelque chose qui organise des combats et des orgies, et les jambes n'ont plus du tout leur forme d'origine...

I've imag'nd a hundred ruh' legionz. I revelled in' ey' rites, cosmog'nic storeez and thee-o-logical sea-stemz. Deel wid' em' 'err noot, ts' yur moov. Nod or nokmei' ov, c'z oy dunf' okinkeir boot' dem' kendem' nationz yo

Je bouge, je hume, je trace, je m'éclate, je transperce, je grasp, je suis ingéré. Liqueur sous forme de procédure, alcoolémie instrumentale : techniques et outils de l'ivresse productive. Parcours de la santé mentale, la grande santé, celle qui rime avec la chute des illusions et des idoles, des garde-fous. Fermente, fermente vélocément mon encéphale, pendant que tu conserves tout et couve bien d'autres gâtisseries égoïstes, généreuses et globalement riches en trauma. La voie obscure dépasse la possibilité d'un nouvel érotisme. Sade renâcle, Bataille a bien creusé, Maylee aime et aime et aime. Laisser-aller, concentration, nouba zen et mnémo-reptilienne. Devenir-amour douloureusement silurien, solitaire, sans récompense. Aimer le ténia. Le bulldozer qui rase la vieille patinoire. Embrasser le bras en moins. Le baiser (infectieux ?) de la chauve-souris. Les éruptions cutanées, les acouphènes, les brûlures : souffle, respire, ce n'est que toi. Ce n'est que toi. Facile à dire. Personne n'est obligé-e d'essayer, évidemment –

Accroupi-e. Je halète, en sueur. Je brûle et je caille. Humus et pause, normal. Bientôt exit la ziq. C'est le moment. Remplacée par la présence et le rite. Shape, focus & discipline. Le silence et la sensation insupportée. Mais pas encore. Vagues scélérates et dernières salves d'abordage électro. La musique a servi son office. La musique est un vêtement à manger, un bain-repas, une labiale concassée par seconde, qui se tortulle et s'emmagasine sans se calmer, sans cesser de copuler avec les nouvelles venues, parfois des monstres, ou des éclopés, toutes les notes sont invalides et comme jetées par-dessus l'épaule, sur la roche Tarpéienne, d'où elles commencent à remonter la pente, zombesques, glaçouriantes, averse déstructurée ou lame de fond, etc. La musique, c'est un carambolage et une orgie où les générations naissent et ne meurent pas, mais participent avant de se fondre dans la fresque globuleuse à l'arrière-fond. Le final, dans un instant. Du moins, phase finale du conditionnement, de la préparation. Suis prêt-e –

Mon corps se tend : la voie obscure n'a rien de nocturne (éloigner tout badaud, si), elle s'ouvre à celleux qui savent élaguer leur-e corps et s'abandonner. La combinaison de mouvements obscènes et cannibales que je déferle sur les alentours. Le blasphème comme talisman ou videuse à l'entrée, un sigil comme plaisanterie protectrice ou plutôt sélective. La noirceur ? du jeu, de l'apparat. L'abyssal ? de l'instrument, de l'altérité radicale. Ainsi commencent mes rituels et leur signification résolument infra-religieuse, proto-religieuse, dans le ballet des possibles, entre les cuves du savoir, avec les sabres et les haches et les lances que sont les valeurs : mon imagination en acte, en cet instant, à cet endroit, et rien au-delà, si ce n'est le jeu léger de la conquête de l'univers, à savoir l'invasion perpétuelle de mon cerveau par le reste de l'univers et les conséquences que l'on sait –

Ne suis rien que l'item numéro 3 de la 9e recette. Om mani padme hum touça touça, l'équivalent martial et nietzschéen. Je "danse", médite la résistance de l'air et l'odeur de cette nuit. Ceci n'était, n'est pas la voie obscure – ceci un test, un test son et flow, un pauvre texte (et non "la chose"), un genre de vocalise pour mon Endymion, qui sera hors les mots, faussement élitiste et totalement déchaîné, fuck it, i'm down and dry but I'm so highh
~ ... ~
La voie obscure (1), TEST TEST FLOW
mai 2017, repris sept 2017

(Ben quoi ? Je cesse d'écrire comme si le hip-hop n'existait pas, et qu'il ne pouvait pas être cérébral)

8 sept. 2017

[Poéjet] Véloce 0 (prologue)


Berlin West Stadt, 1986. She born. Loving mother, loving child. Soon for everyone to realize: she fast, she precocious! Deutsche first years. After the fall, they moved to South Carolina, then North California.

Then teenage years: shell-shocked, solitude cold as hell; school sucks, except biology. Body: already non-standard, and evolving. Attitude: wary ferret. She goes rogue. Oscillates. She a flash, yet a fish in a barrel. She devilishly intelligent and charismatic. Yet friends, not much. A few important ones, all ages from. Those not terrified by her demanding mind, her speedish demeanor. The unfettered. Friends at last: a chosen arsenal.

I know. To be fair, her mother was not anybody either.


Twenties. Unwanted pregnancy. Unspoken questions, existing through the failures and eruptions of the body. No words exist for these sensations. Things forcibly and silently kept in the vagueness of what people would prefer to ignore and forget. Even more difficult after the end, after the abortion. That's not a rule, for sure: "it's just my life", she'd say with a smirk.


And yet, adulthood got a little better. Mother was a blast, she set the way; a woman like there’s no other – or is there? I don’t really care.

Anyway. This is not about her story. Her story belongs to herself, and the number of contracts that she has signed to sell this narrative is exactly: none (yet). This is about her frequency, her shape, her turbulence. This is an extract of what happens to people in her vicinity – written to her, or about. This is what her freedom sounds like, a song of her Vee-low-city.

Oh, and yeah, I forgot: it’s NSFW and it’s in French, because she fucking digs (putting) the tongue

Véloce 0
Jun / Sept 2017

PS: Fuck you. I survived and I thrived and I'm hurt

[Poéjet] Véloce 1 (hymne votif)


Pétasse féroce, molosse vorace
Au lit elle mord
Prédator lasse, ta banale carcasse
Délaisse pour forer
Les fentes d’autres fées
Pétasse féroce, molosse vorace
Au lit elle mord
T'en veux encore ?
Raptor de luxe, première de classe
Au fond elle dort
Pendant que ses doigts ronces
Dont les visibles veines
Et le duvet
Zébré te coincent et te dé- je disais
Pendant que ses doigts minces
Mettent fin
A l’exercice de diagonalisation
Des matrices oh
Son encéphale éponge, compulsif
Tout ce qui
Mouille- bouge
Encéphale, collige et colombine
Insaisissablement tisse
Des songes badass et omnivores
Qui te dé-
Mangent à vif
‘Tainnn !
Minotaure acrobate, elle te
Dégotera la sortie
Carnage aux terrasses de Cnossos
Gorgone subite, gladiatrice
Thrace, te décoche
Un sourire carnassier, elle
Te ken pire qu’un
Pitfight Spartiate
Parkour de chasse, peintures de guerre
Son treillis fonce
Entre les pins et le granit
Harasse
Les frontières de ta face- ton fort
Tirailleur fugitif
D’un trait déter vénèr- léger
Superfluide, elle
Enjambe enfonce- les lignes ennemies
Tkt, elles aiment ça-
Sans qu’elles s’en rendent compte elle
Déploie
8 Térabits de RAM et toi tu rames-
Infiltre, no litige
Diversion transversale, direction l’arsenal
Grande prêtresse en body et
Résille (oui je sais)
Ni sous coke ni amphés
Dégouline de la pyramide
Et l’huile son corps
Inversement dévale
Passiflore dans ta gueule
Ou lightspeed mandala
Dans le creux- le silo, elle
Si près, y sent
L’odeur de la cypr-
La nitro nan, jamais trop- glycérine
Secoue
Ça va roussir
Première détonation de plaisir-
Panne du circuit de refroidissement
Le réacteur s’emballe
Plus assez de lube- liquide froid
Alors elle taille
La tige- la zone
Elle casse
Ton sli- joli décor
Instantanément
Etc. etc.
Véloce 1
Jun / Sept 2017

[Poéjet] Véloce 2 (de l'amante à l'amie)


Taille – Sécatrice ! – taille
Lâche-toi, Vicelame, hache
Lisse et entame
Entrebâille
Le treillis lâche, casse qui lâche, et y lâche
Tes meutes lierres-de-feu

Lentes, végétales, carnassières, les
Meutes de leurs maîtres, ces fous ces faux dieux
Toutes ralliées à ta cause, grappes
De lamies et nâgas, filles et sœurs, minuscules
Toutes gagnées
À ta coupe, à tes nattes, à
Tes menottes indétectables et ton minois d’orage

Lape – Tératrope ! – lape
Agrippe, retrousse, perfore, dépèce
Démet, détraque, extrait, suçote
La moelle qui bave sur tes sapes
Disregard et déchiquète
Les promesses faites

Cet émincé de trahison – ramasses-en
Les lamelles, ratisse et carbicolle, beau bec fendu
Collige-toi, industrielle
Un rutilant squelette en fibre de carbone
Tu composites, concoctes ces alliances
Ô combien contre-naturelles
Ventrue meneuse aux doigts de fée

Beau ratage – operculée, réticulatte
Oui, toi tu –
D’instant et de chantier
Véloce terrienne au dos musclé –
Kiffes ta race
Et moissonne – anti-limace, lionne
Épilepticale –
Ton dû – à la
Verticale

Et cætera.
 Véloce 2
Jun / Sept 2017
PS: Love. Differently.

[Poéjet] Véloce 3 (dérivage)


Affalée sur la chaireee
Stèle de bois couchée, polie, laquée
Sur laquelle, par deux fois – oh que non –
Elle n’appartient pas (pas)
Son image, on dirait
Clignote/e/e/e/e/
Si vite//////
Peut-être est-elle partie déjà, et ça
C'est simplement
La rémanence de son cul

Que fait-elle ? mon dieu :o ! :o !
Léchouille ces ongles vernis ??- non pas
Les siens – des
Plaques molles, rosâtres et laiteuses
Carapuce de gambas ??-
De petits prépuces à l'agneau ??-
Des caroncules au potiron ??-
Avec ses pattes dentées manipule
Ou sont-ce des mandibules ??-
Auquel cas elle mâchouille
Ces denrées ambiguës
Avec tous ces mutagènes\ènx\èys
Tous ces changements de règne
Toute cette pagaille de cliquetis|kti|kti
On ne sait plus
Où elle se trouve, quand elle a su

¯\_(ツ)_/¯
Véloce 3
Jun / Sept 2017

PS: Identity may feel good, but it won't save you

[Poéjet] Véloce 4 (mot de la fin)


(Tous tes orgasmes comprimés
sur ses Polaroïd – Mais attends
comment ça ? Je croyais que-
– Ouais, elle est hyper rapide)
Disons qu’elle n’est
Pas lente, sans que la fin jamais
Ne soit précoce
Disons qu’elle est véloce, mais
Toujours prend
Son pied- son temps.

Véloce 4 (mot de la fin)
Jun / Sept 2017

29 juil. 2017

[Poé] Another day (I will celebrate, victory song)



I will celebrate another day
Among the racket of planets
Fly and swim until I've met
Each killer whale
Each bird of prey
 

After three victories and one
Defeat I'll roar and play
 

And bathe with you
Friend
Lover
Baptize another day

In pools of chrome
In pools of lead

' Another day (I will celebrate)' performative / forbidden
victory song (personal stash)
fin juillet 2017

22 juil. 2017

[Poé] Contrôle du terrain


Les paquets de bits – réduits en miettes – réduits en
Shrapnel d’étoiles
Leur cryptage intriqué ce rayonnement noir
Déchiquète – inaugurant ainsi
Un éon sans nouvelle
Un éon sans nouvelle
Et sans ravitaillement – les centres urbains se meurent
Gel, sevrage sidéral
Pour les comptoirs, colonies – dilatées, affamées
Et les premières tumeurs

Et les premières tumeurs – sans dieu ni Planète-Mère
Sont l’oubli et la panique
Ils engendrent la guerre – des hurlements muets
Grattant la paroi vide, infinie
Des cieux aveugles et nébuleux

Des cieux aveugles et nébuleux
Retombent lentement – à peine visibles depuis le sol
Des cosses de vieux
Métal – vomies, tous capteurs décousus
Par des orgues mobiles

Par des orgues mobiles – au sommet de leur parabole
A leur tour, les ogives
Chacune vomit sa graine incandescente
Qui hésite – clignote, puis entame
La descente incertaine

La descente incertaine
Gravité lasse – vers ce terrain où âme qui vive
N’est jamais qu’une
Espionne à exécuter – infanterie sans foyer ni famille
Machine intelligente (IA relique)

Machine intelligente – calcule trajectoire et blindage
Des colonnes de civils
Armés, hostiles – vestiges de chars furtifs
Sur des collines sans nom
Victimes d’un bombardement orbital

Victimes d’un bombardement
Ascendant, vertical – les carcasses d’aérodyne
Vrillent – déserts de neige
Déserts de sel – cathédrale invertie d’une ville pilonnée
Par la maladie du sommeil

Par la maladie du sommeil – cette lucidité extrême
Résorbe tout regard
Dans les nuages multicolores – leur magnifique opacité
Les distances infinies, le goût spectral
De ces histoires que l’on ne connaîtra jamais

Un éon sans nouvelle
Et les premières tumeurs – ces cieux aveugles et nébuleux
Peut-être, ne dissimulent
Aucune escouade livrée à elle-même – qui perd tout
Contrôle du terrain


écrit d'après les souvenirs impressifs laissés par
les jeux
Ground Control (2000), et Ground Control II (2004)

3 juil. 2017

[Poélovée] Blades down


Down with the current, Jay
Blades down, love high and ice-
Cream up to my elbows

 

3 juillet 2017


   
picture: Françoise Huguier

2 mars 2017

[Poé] Bombardiers


Le ciel en rince les cicatrices

Rais de lumière et trombes
Incendiaires – les oies sauvages

Invisibles, meurtrières – toutes
Vrombissantes, hannetons vides

Leur colère – machinale – dilue
Les couleurs du jour avec celles de l'enfer

Animaux sur des sièges et
Grappes d'air en feu

Manne de poix, rosée de cendres
Les bûches de la Terre

Les bûchers de l'éther


Les troncs humains, leur supplice
Hante le ciel si oublieux

Elles reviendront : les cicatrices

 Bombardiers, mars 2017

14 janv. 2017

[Poé] Bloody Sonnet

unrefined? / anonymous? / found on small piece of paper under bed in V******** hotel room while lookng for phone / copied but lost again in digital archive 2011 / found again & released jan 2017 thx to Peter H

Cover your eyes, my dear
For I will paint the day bright red
Cover your ears, I bring revolt

Stitching shades with a scarlet thread

The crimson bay was not a dream
Sharpen four pens, prepare the bait
Cover your ears and hush the scream

In red I paint the day to come

Open your ears, young one, follow
The light laughter of a sister

Open your eyes, my dear, wait
Until I scar the night with a lighter