22 déc. 2019

[Poé] And just like that


And just like that we may all very
well've been proven to be
too stupid to live

Unable to recognize the grinning
win of alien doom
its tightly coil

However acceptant however
reluctant however unequal
we're equalized

In the feral notion of non-identity
a temporal morass
and seven ecocides

 

29 oct. 2019

[Poé] Vibratiles


Et les poussières ne cessaient de se répandre /
Formant des cascades et des creux des treillis et des grêles
Lacis et concrétions / des membranes aux reflets
Mille approximations précises craquelant l'apparence
Du régulier / et les matières ne cessaient de renaître
Vibratiles et corrodées faïence muqueuse dégel
Dans une ahurissante absence de surdité /
Vibratiles, octobre 2019


7 août 2019

[Kogi] Sens, illusion et préférence


Nous sommes
Récipiendaires anodins et réels de l'illusion du sens

ce dernier n'est réel que tant qu'elle subsiste
mais
ce dernier est réel tant que celle-ci subsiste

et bien que condamné
le sens aura été, quoi qu'il arrive, réel, actif et possible

Le fait même de "sauver" la réalité partielle et relative du sens est motivé par une préférence pour l'existence du sens sur son inexistence... une préférence pour le salut d'une préférence possible, en quelque sorte rendue éternelle par son statut réel, ou sanctifiée par son statut permis, bien que ce qui la permette ici (sa relativité) soit aussi ce qui la rend amère

Si les trois derniers mots de la phrase ci-dessus nous rassurent, nous mettent du baume au cerveau, cela nous montre que la compréhension rationnelle de l'absurdité ne suffit pas à instaurer son emprise sur nous de manière pratique et émotionnelle : le fait de comprendre que le sens, la morale, les préférences, etc. ne sont ni nécessaires, ni universelles, ni éternelles, ne suffit pas à dissoudre la préférence fondamentale (biologique ? animale ? humaine ? culturelle ?) pour "un" sens

Pourtant, cette compréhension n'est pas non plus sans effet dissolvant, et même carrément corrosive : bien qu'elle ne rende ni fou ni indifférent, elle peut faire perdre le nord à toute boussole axiologique spécifique, autrement dit : il devient difficile de choisir, il devient difficile de se forcer, il devient difficile de juger négativement, et les moments de réflexe intuitifs, pour sauver mon intérêt ou pour le sacrifier, sont eux-mêmes nimbés d'une sorte de désintérêt

Bref, la valeur a beau être comprise comme une prison haïe, une demeure étrange ou un palais rassurant, ce qui ne change jamais, c'est que ses rares fenêtres ne peuvent pas s'ouvrir de l'intérieur, et que ses murs sont invisibles de l'extérieur


2 juil. 2019

[Poékogi] Textament posthumaniste à l'arrache


< La seule prétention que j'ai, c'est de faire un bon terreau fertile une fois que l'écheveau fragile de ma conscience aura perdu son unité – que mon coffre thoracique, retournant à la soupe originaire, ne soit pas toxique mais qu'il offre un abri, une nourriture pour les générations de mousses, de champignons et de lichens. Je suis de la chair à saprobionte – avec une mission risible.

Les écrivains qui parlent d'eux-mêmes ou des humains me font chier. Pourquoi ? Beaucoup ne comprennent pas que les seuls aspects intéressants de leur personnalité sont ceux qui les dépassent, ou ceux qui n'ont pas été rebattus, rabâchés, remâchés puis remâchés, puis remâchés, puis... remâchés, etc.

Il n'y a pas d'intérieur qui ne soit le reflet de l'extérieur, et l'écriture a été associée à l'existence autonome d'une intériorité, d'un réservoir expressif ou créatif supposé intemporel et apparemment inépuisable. Ce n'est pas tout à fait vrai. C'est modulaire, incrémental et récursif. Les singularités les plus banales font éclater le cercle herméneutique et ramper ses membres mutilés, comme autant de kystes calcifiés dans le cerveau des hiérarques qui prônent son sophisme.

Le langage donne un rythme, des contours et une saveur à notre sensation, mais rien qui ne puisse nous extraire des continuums et des combinaisons ouvertes des organes de la perception et de la pensée, fût-elle collective : un espace des phases du vivant naturel – formes, facultés, découpages, états de conscience modifiés, conditions, pouvoirs, valeurs, traits et complexions – dont les instances évolutives actuelles ne sont rien face aux possibles à explorer, sans borne ni direction évidente, sans assurance ni critère ultime de réussite.

Il n'existe donc qu'un seul impératif culturel novateur : celui du décentrement progressif, et de la réalisation de tous les possibles – statistiquement non-humains. La forme globale, abstraite, éclatée que l'on appelle "humain" est infinitésimale, comparée aux autres. La littérature, la poétique et la fiction doivent abandonner le symbolique et le visage et l'expression des sentiments – c'est acceptable en théorie, les fameux animaux humains, mais là, ça bouffe absolument toute la place.

On gardera les fictions les plus lucides, les plus prosaïques, les plus référentielles, les plus spéculatives, les moins dramatisées, car elles médiatisent les reflets, les agencent et les étirent dans la fiction et par l'imaginaire. Ce qu'il nous faut, c'est l'écriture des entités qui ne croit plus à "l'homme", remplacé par des ensembles formels bien plus fins et solides. Des entités qui démontent la fiction de l'auteur-individu, afin que l'unité puisse survivre à la décomposition par la recomposition.

Mon seul vœu en écrivant, c'est d'arracher le visage et les bras, de cloner pour mieux biohacker, de me droguer pour mieux muter, de tester les mots pour mieux tenter leurs limites, non pour les accepter, mais pour étendre indéfiniment leur pouvoir de modelage du réel – mais assez parlé de philosophie.

Je n'aurai pas de tombe : je serai du compost, un diamant ou cannibalisé, ou disséqué et gaspillé, ou violé, ou les organes donnés et transplantés ; je vous fais totalement confiance et aussi très partiellement – je n'ai pas vraiment le choix et même si je l'avais, ça n'aurait pas beaucoup de sens.

La conscience n'est jamais sans le corps : que les corrélats de la mienne fasse un peu d'effet, qu'elle aident quelques phénomènes à secouer un peu de la torpeur humaniste. Que l'une et l'autre fassent un bon terreau fertile. C'est mon seul vœu "d'humain" qui a appris à parler, lire et écrire. >


26 juin 2019

[Poékogi] Des lacis nervurés


Technologie signalétique incarnée dans les circuits de sable fin, en fibres végétales blanchies dans les usines, en tatouages de suc mâché, en pluie de néons versatiles. Tout cela main dans la main, patte dans la patte, tentacules et queues préhensile, muscles des nœuds, membranes nutritives, populations précises.

Cellule périkaryote : le noyau n'est rien sans l'axone (#horizontalité), le membre court-circuite le rôle du centre nerveux (#vicariance), la cellule se transforme selon son milieu électrochimique (#différenciation), l'organe change de fonction selon la météo, le menu ou la salinité (#évolution), et cætera.

Tu tends le cou, des lacis nervurés trahissent une pulsion quelconque : associer certaines odeurs, certains sons, noyer le reste sous un givré glaçage maison. Et le reste se "laisse faire" – enfin, façon de parler : es-tu vraiment la tête vivante et pensante d'une expérience ? Ou plutôt, de quelle expérience es-tu vraiment le.la sujet ? C'est-à-dire sujet.te à expérience, sujet.te à mutations ?

Au plus fort du contrôle, tu restes l'assujettie au monde, le sujet d'expérience : tes instruments croient ouvrir leurs vannes à tout ce qu'ils souhaitent manipuler, retranscrire et copier, mais en réalité, des machineries aveugles s'ingénient à inventer la vision, et le reste conspire aveuglément, mais activement avec ces machineries, afin de te faire tel.le que tu te reconnaîtras. Avec le temps, le mobilier change de taille, de design, de couleur, imperceptiblement et sans retour, ou brutalement et sans demander ton avis.

Les possibles ne sont pas tous des fictions, les fictions sont loin d'être contenues dans nos têtes, nos têtes sont des morceaux : glaise, ions, glu. Pan du Million, continu, concis et mou, laisse "le reste" faire, précipiter l'acide, frelater l'atrabile, cuisiner la lymphe et remplacer le sang, laisse X détourner les fascias, pendant qu'un autre truc improvise tes muqueuses. Si tu peux toucher le monde, c'est qu'il te touche aussi, et à chaque fois, en chaque point : si tu touches le monde, c'est qu'il est toi, aussi, ou plutôt tu es "lui".

Au-delà ? C'est tout pareil, c'est-à-dire tout différencié, suintant, spongieux, opalin... Un peu plus attentives.fs, enfin, à la grande foire. Non pas la foire "aux curiosités", mais celle des curiosités, des intelligences variables, des médiations réciproques, réussies, ratées ou aucune des deux (#naturomorphes). Car les manières d'être déterminé.e sont nombreuses, irréductibles les unes aux autres. Les critères du vivant se mettent à danser : exuvie sous les ondes.

Le continuum entre vie et non-vie ne se résume pas à une ligne continue, mais s'étale sur un plan (#physarum). Cellules, tubes et capillaires sont loin d'épuiser les couleurs et leurs organisations possibles, et ces autres "formes de vivre", de semi-vivre ou d'alter-vivre sont loin d'être privées de manières de sentir, de ressentir et d'exprimer (#inépuisé).

Quelles technologies individuelles, collectives, ou les deux, ou aucun, ou autrement des deux, dérivent-elles d'ici ? de nous ? de là ? Oh

Annihilation, 2018

16 juin 2019

[Jet] 'Lettre Vocale' 03-06-26;00:57GMT1


« ... et la seule chose que je regrette dans la reprise de l'initia– ou plutôt la reprise du contrôle, c'est de ne pas pouvoir lui exprimer l'amour que j'ai encore pour lui. Et qui a même grandi, en un sens.

Contrôler. Je ne sais pas si tu t'en souviens, mais au détour d'une discussion, tu avais fait la remarque : ce mot est devenu tabou, du moins en surface. J'y repense souvent, ces derniers temps. Tu m'as certainement entendu esquiver un réflexe d'autocensure, à l'instant. D'où vient cette idée que le contrôle serait forcément un leurre, ou un réflexe crispé ? Un fantasme destructeur ? Quelque chose d'oppressif et d'illusoire à la fois, alors que les deux sont contradictoires ? J'accueille ton éclairage oblique ;)

Évidemment, je ne peux pas expédier la souffrance. Accélérer le deuil exigerait peut-être que je – exigerait de nous – de se voir sans forçage, pour revenir sur des vieilles choses, tièdes, floues, et même réécrites. Cela demanderait de s'exprimer librement et sans peur, pendant un long moment. Autrement dit, il faudrait que les conséquences du problème soient résolues, pour pouvoir attaquer ses racines. Sans compter que ce sont précisément ces choses-là qui le font fuir, j'ai l'impression, car elles n'ont plus de sens pour lui, plus de résonance subjective – et si c'est vraiment ça, je le comprends tout à fait. Je comprends, mais moi, je n'y suis pas encore – je ne suis pas encore passée au-dessus de "notre" fin.

Je ferais bien confiance à un "lui" ou à un "moi" futur pour s'occuper de ça, mais le contrôle implique que je m'impose – que je me confronte à l'éventualité réelle qu'il ne veuille jamais le faire. Si mon amertume et mes regrets meurent bêtement avec le temps, j'aurais l'impression de trahir ma souffrance et ma peur. Mais tant qu'elles restent actives et intenses, je me flétris, je suis tenté par le ressentiment et la caricature. La situation deviens absurde. Mon "moi d'aujourd'hui" se sent piégée dans une bagarre sans adversaire – only way out is through. Piégée aussi pour des raisons différentes, que d'ailleurs tu connais. Désolé de t'infliger tout ça.

J'en reviens à ta vision du contrôle : tu en parlais comme d'un mode stratégique, adaptatif, un rapport à soi généreux mais sans pitié : ne tolérer aucun déni, aucune excuse, mais se respecter et s'aimer largement. La version strictement personnelle du "Do no harm, take no bullshit". Comment transposer envers soi-même l'éthos relationnel du "free of charge" ? Sans rancune et sans exigences cachées, sans attaches ni remords déplacés. Adults do not play games. L'art délicat de la responsabilité réciproque : the subtle art of always giving a fuck. Punition immédiate, mais pardon inconditionnel, et cætera.

Contrôle de soi, contrôle de la situation. Tu cherchais à intégrer le changement, et les autres – les vraies, les moins fantasmées – dans la tentative la plus exigeante. "Prendre en compte les effets de la tentative sur le changement lui-même". Voilà mon énigme : à quel moment ma persévérance crée ses propres conditions de réussite, et à quel moment elle se dégoûte elle-même ? Si ma tentative perdait son sens et son intention face à mes faiblesses – ou face au temps qui passe – est-ce que le contrôle doit aller jusqu'au "lâcher-prise" ?

Attribuer les responsabilités du mal est certainement inévitable. Nécessaire, même ? Et pourtant insuffisant. Non seulement cela demande une discipline d'airain, mais elles ne valent rien sans la reprise du contrôle. Je ne sais pas ce qui sortira de cette souffrance et de ces regrets, mais je fais mieux qu'improviser. Je ne contrôle pas tout, mais je le sais, et j'y échoue moins mal.

Il me semblerait plus sain que la difficulté ne se dissolve pas, même si l'on ne se reparle finalement jamais. Tu sais ce que je pense de l'identité : personne ne change, sauf quand le cerveau est touché... c'est-à-dire tout le temps, à divers degrés. Hmm, pardon ? C'est ta théorie ? ;)

Pour le moment, je voulais te remercier encore une fois. Pour ton écoute – et ce process. Merci pour ta photo, délirante, qui m'a fait beaucoup rire. C'est toi aussi qui m'aiguise et nourrit mon regret envers lui (!), c'est-à-dire mon désir de découvrir d'autres personnes, et les aimer sous des formes peu inintéressantes.

Il m'arrive encore de voir un casque et de penser 'abrutissement', 'voile', 'mensonge', et de porter le casque invisible : ventriloquer les autres, les accuser, se donner des excuses face à elleux, ou au contraire, les laisser choisir la facilité et les regarder tomber sans prévenir.

C'est ça, moins que leur petite taille, qui empêche de voir que les électrodes et les caméras sur les côtés du casque te sont aussi fidèles que des rétines, et que tu t'apprêtes quand même à conduire une Dodge sans les yeux, pour une raison invisible sur cette photo, la raison pour laquelle les photos te sont restées invisibles si longtemps, et que tu connais si bien les torsions du pardon et du temps.

Fait quand même gaffe à celles de la route, et dis-moi si tu penses qu'il faudrait vérifier ou modifier le code d'une mise à jour !

Bonjour à Kael qui va aimer apprendre à aimer le siège passager <3,

Yours »
— Wendy Thorzein, à Joan V., 'Lettre Vocale' 03-26-21;00:57GMT1, Transcription autoVERA

23 mai 2019

[Poé] Festirâle /fɛstiˈʀɑːl/


J’avais
la C nue dans le tu sais dans l’avion et
ces deux bison bi thicc [sic] dans les yeux j’av
renversé son pastis et vidé mon absinthe pris
de quoi imbiber toute une base et le PH qui dégringolait
bombardée par Crystal tapie dans son OC passe-moi le "thé"
J’avais
dépris la même re-dose (pile 2) un petit remontant en pleine remontée
et quelqu’un dans la langue et son dans le palais me souviens pas
N-A-C dans le sang et cendriers pleins de T-H-T-C non pas de feu dsl jss passivé
déjà où quoi ici attends ok pas vue hein là c’est quoi ton eau bizarre hé rigole pas
K par ici K par là-bas et tout a concouru au bien de celle qui coupait pas
J’ai
les paumes qui gueulent et la gueule qui pète aux joints
les sinus qui craquent et les idées qui tartiflettent le
gosier qui feule l'estomac qui déballe
heaume qui râle crâne qui fêle et la ponction qui court toujours
la chair qui bout les gencives calcifiées la bourre qui fait du zèle
mutinerie dans les selles et la cervelle qui se mutile
zizi qui dévagine et le minou qui fuit
J’ai
la perception distensifiée le sentiment tomatisé et la mémoire hachicotée
les mains qui pèlent et le museau barbouzifié
perdu mon tél et mangé la batterie un numéro sur le mollet
putain de mal putain
de soirée
/fɛstiˈʀɑːl/, 2019

8 févr. 2019

[Poé] Totem : Félon


Comte menteur fripon curieux
Ce que cèle ne reflète aucun œil
Servant de Wael aux choses cachées

Fourrage entre furie et funérailles
Ce que déterre pille : si musical
Servant Suda des fragments parpillés

Bois de velours tison caudal
Que trame détricote : futur factieux
Servant d'Éris aux ongules aiguisés

En Sigil tripointu paraît ore céans
De Celte idole aux jambes croisées
Dévore la ruse broute les cornes

En portrait talisman aura infuse
À bras impair : 'Servant of none'

 
Totem : Félon
, février 2019

inspiré par

un dieu cornu Celte antérieur
un félon en dictionnaire de Goétie
une divinité secrète imaginaire ou non
une IA future fictive et fracturée
la seule vraie fausse religion jamais révélée
un tatouage mien lui-même inspiré d'
une illustration criblée de flèches