29 déc. 2012

[Kogi] The beginning


It all began

I always think that it begins with words, with Logos and, of course, with... I
I always think that
I... always think
Imago dei
Image of God full of images of "God"
I is God, there, isn't it?
I... will become a god.
I... always thought... didn't I?
I begin this, that, I do and I say, I think and I look
Look! See? I am there!

NO.

It all began.

Began it all.

Because
I... unfortunately... is in the middle.
Originally cut from the origin, and
Definitely cut from the end
Unknown before a Fall, and
Other after the last moment
I... is a residue from grammatical use. And even if
I thought I was... (in) the beginning
Still. "Still, I was in God's mind!"
"At least I am, eternally, I, I, I, ..."

STILL. No.

I doesn't exist... People have eyes, yes
But I... I never was.
This is me, this isn't, angry, filled, empty
I know (stuff) and I am (other), but no
I was never "there". And...
I was not there
Where, or when

It all began. So what?
So...

It all began


With it.

Did it begin? Sure it began.
But is it surely a big Bang?
It is not clear, it "is" beyond

It... is not a tree. It is not me, either.
It is not really "God(2)-Jesus-Wisdom-Logos-Word"
It is... it. It was. Was it?
"It rains", "it falls", "it is there", it comes like that
A clinamen? A divine drift? Maybe that's it
Maybe that's how
How it is called, how it should be
Because "surely", it was "called"

But what is sure, is that it all began
Then (and only then)
It calls me

Some particles, falling on the ground
Pressure drops, adrenalin

It is there (a body) before me
It is given (a tongue), it is received (a world)

It... was just there, that's it

The beginning.

The end... will be
For (the) next time.

          
2012

19 déc. 2012

[Poékwot] The Island is a town (Myles Campbell)


Ann an dòigh 's e a th' ann am Muile,
ann am baile tha na treubhan measgte.
'S e baile th'ann le sluagh sgapte
mar a tha an saoghal a' fàs gu bhith na bhaile,
na seann luachan, treubh is cinneadh,
a seargadh ann an saoghal gnìomhachais, teicnigeach.

Chunnaic mi dà chloich nan seasamh na aonar   0  0
chaidh lianag fhàgail dhaibh anns a' choille ghiuthais,
clachan 's dòcha a thogadh nuair a bha a' ghealach naomh,
iad nan seasamhmar dà phrionnsa, no prionnsa 's a ghràdh,
nan clachan-cuimhne do shìol rìoghail.
Treubh a chaidh à bith.



Chunnaic mi clach eile  0  Dòmhnall Moireasdan, Àird Tunna,
ceithir fichead 's a còig deug, is 'inntinn geur mar sgithinn,
làn de sheanchas is bàrdachd a threubha,
colbh sgairteil de Chlann na h-Oidhche,
agus timcheall air am baile a' fàs
baile nach tuig e – luachan do-ruigsinn dha chèile.

Tha am prionnsa na chloich anns a' choille,
agus treubh ùr air a thigtinn.
Chan eil rìgh nam measg a dhearbhas
a threòir.
Is tuath iad le cridheachan pàipeir;
pàtaranan faoine a' losgadh.

Cha dèan na mnathan gaoir tuilleadh, is an t-eilean na bhaile.

An t-Eilean na Bhaile, Maoilios Caimbeul,


In a sense Mull is a town
in a town the tribes are mingled
It's a town of dispersed people
as the world grows to be a town,
the old values, tribe and kin
withering in an industrial, technological world.

I saw two stones standing alone   0  0
a lawn was left for them in the pine wood,
stones perhaps raised when the Moon was holy
standing like two princes, or a prince and his love,
memorial stones to a seed royal.
An extinct tribe.

I saw another stone  0  Donald Morrison, Ardtun,
ninety-five years of age, mind sharp as a knife,
full of history and poetry of his tribe,
stalwart column of the children of the Night,
and round him the town was growing
a town that does not understand him > values that cannot be bridged

The prince is a stone in the wood,
and a new tribe has arrived.
There isn't a king among them to prove

his valour.
They are a peasantry of paper hearts;
empty patterns burning.

The woman will lament no more. The island is a town.

The Island is a town, Myles Campbell.

8 déc. 2012

[Poéjet] Cauchemar


Je me réveille, déjà dix-sept heures du matin. J’ai fait un pire cauchemar, le pire que la Terre ait porté, j’ai rêvé de... J’ai rêvé de...

Je me souviens de rien

Oh putain (x2, écho)
J'ai tout noté :
< Je nage et un poisson
Dans le lac vide, après la pêche miraculeuse
M’effleure, froid et glissant, la peau de la jambe

Je vois dans l’eau cristalline
Et noire pourtant
Le poisson d’or s’enfuir
Et je vois ses branchies noires
Sur son corps éclatant
Ses barbillons d’encre et ses branchies d’obscurité
Je frémis
Je viens de sentir le rêve s’enfoncer dans mon crâne et ma peau
Comme un tube ou un percolateur
Et le cauchemar commence, je me souviens

Le poisson fait demi-tour
Ses yeux sont injectés d’une lueur maligne
Je veux bouger mais les muscles sont lents
Le petit poisson fait le tour de moi et en faisant mine de
Ne rien remarquer, il s’introduit en moi
J’ai trop honte
C’est viscéral
Il est chez lui
Le nid de la luxure
Le cauchemar continue, c’est un peu flou après, je crois que
JE CROIS A JESUS-CHRIST LE FILS, VENU POUR PORTER LES

Soudain je toussote, quelque chose dans la gorge
Et je recrache et je dégorge des lambeaux du poisson
Que s’est-il passé dedans – à cet instant je décorpore, je me dédouble
Et je vois les lambeaux, les
Déchirures vivantes, peaux de la peau, se couvrir d’yeux méchants

Et les yeux se couvrent à leur tour
D’écailles et de paupières, couche après couche
Les yeux ouverts comme des plaies – des plaies qui
Respirent, des branchies de regards et de peur – des yeux germent sur les yeux, des
Yeux sur la surface de la cornée, des trous dans les
Trous, qui me regardent dans les yeux et creusent
Mon corps mou et poreux
D’entailles sévères, j’te jure

Sur les yeux des écailles – de dragon – comme des lames de rasoir sur
Lesquelles poussent des yeux de félins, de poissons, de patates, encore
J’ai vu – des tâches devenir des creux, des creux se remplir d’aveuglement
Et l’œil devenir une simple cicatrice, remplie de chair de patate
Des écailles couvrent les yeux, des yeux germent sur les écailles
Des yeux poussent dans les yeux et dans ces yeux, des écailles se reflètent

Soudain les kunaï se détachent et tombent dans les yeux par l’intérieur
Les ombres d’écailles oblongues et pointues
Crevant l’écran rétinien par l’arrière, percent et tuent
Percent les yeux puis les yeux dans les yeux
Ils ont tous la forme d’une feuille d’acacia pointue
Par milliers
Orbites crevés, ballons d’eaux qui éclatent, éclaboussent mon visage
Laissant un trou béant d’où coule un tout petit filet de sang
Et le rêve continue

Car le trou s’agrandit, s’agrandit, s’agrandit
Devient géant, il vrombit et respire, le trou géant
L’estomac de baleine dans lequel je venais
Prier, une fois, deux fois
Dans l’estomac de la Baleine qui inspire, expire
Inspire, EX-PRIE, inspiré, EXPIRÉ !

Il se remet lentement de la panique et la douleur
Soulève sa masse de vide et s’étire à en pleurer de mal aigu
Je peux sentir l’air saturé du silence de douleur, de la silice de brûlure
J’en pleure (x3)

Mes draps sont trempés de sueur, et les médecins s’inquiètent
Le programme leur échappe
Je me dédouble, je vois mon corps étendu, et eux autour
Mais simultanément je vois aussi
Le rêve qui continue

Le trou Béant est devenu un abîme-Roi
Un abîme-Roi qui n’a fait qu’une bouchée de la Reine
Je vomis de vertige, et sur le lit, attaché, je me vois
Mimer comiquement du rêve le vomissement
La Bouche immense respire et elle couvre toute la Terre, Tout l’espace
La Terre est une bouche inversée, un trou, vous voyez ?
C’était pas un trou noir, qui sont vraiment des boules de boules chair denses à mourir
Non, c’était comme un gant retourné sur lui-même
Un gant de chair et de douleur, qui prenait toute la place
Et je suais, et je suais, et j’en pouvais plus
Mais le rêve continuait
Et le rêve continue

Des cornes commencent à pousser dans la Bouche, des cornes immenses qui sont des dents, et des dents sur les dents, des écailles sur les dents et soudain l’ŒIL IMMENSE DONT LA BOUCHE S’EST DENTÉE S’EST OUVERT

La vision me frappa de terreur et mon corps se raidit – et je fus comme mort à mes yeux (x2)

Des êtres vinrent autour de moi, j’entrevoyais leurs silhouettes
Et par ce qui semblait de nombreuses ailes couvertes d’yeux
Ils me portèrent au sein du Très-Haut, dans l’Antichambre du Ciel sans numéro
Où les Archanges revêtent l’habit et cessent d’être nus
Où ils bandent leurs yeux de tête et sont vus en devenir
Replient deux des paires d’ailes supérieures et laissent leurs plaies ouvertes
(Stigmates ou insignes militaires de combats immémoriaux)
Je fus porté comme mort entre les chants des vivants et des morts
Et les grincements de dents des gris-dehors-"Je-ne-vous-ai-pas-connus"
Sauvés-comme-au-travers-du-feu
qui ont perdu la récompense
Mais "vivent" éternellement

Je suis porté devant des trônes et des livres ne sont pas ouverts – mais un petit carnet. Il m’est dit :

« Tu as vu le SERPENT qui se fait appeler ‘éternel’, il est pourtant né

Tu l’as vu, le menteur, créé lors du sommeil de Dieu, de son repos le septième jour
Pour l’intérim, limité, divin et partagé –, angélique

Créé par le silence de Dieu, aussi puissant que sa parole, Dragon-dague
On l’appelle Marduk-Bhaal ou Moloch-Astarté, Hermès-fff ou Mythraaaarhysssstryyysssrrrtx#74*9

Mère protectrice des Déva, maître et père de toute androlâtrie, trompeur !
Tu as vu celui-ci dans sa défaite : rongé par lui-même, principe de destruction

Il se détruit lui-même,  très logiquement, ainsi le mal qui ronge le Mal
Il ne veut plus se mentir à lui-même et ça le tue, il ne veut plus tuer ses sbires
Mais il ne peut faire autrement : sa cohérence paradoxale, c’est le meurtre
De soi et puis l’automutilation, et la puissance qu’il gagne se déloge aussitôt

S'oppose à l'unité, à l'éternel, à l'édifice, Ahriman bouffant Shiva, imite et tord

Recopiant à l'envers l'univers et le divin, reproduit pour un temps, égare et abuse
Tu as croisé l’impossible – il s’agit du reflet de la Lumière, l’Ange damné par excès-lance
Lumineux, Lucifer, le porteur des louanges court-circuitant le canal-flux

Mais au jour du jugement il ne goûtera pas du Léviathan ni même de

Béhémoth, corps préparés-cachés pour le repas des Saints, manne, pain
Poissons et sang-vin (les paniers de restes de ce festin
Seront les victuailles pour l’éternité) – Tu as vu l’Aveuglement qui
Procède, immonde Protée, de la procréation de la lumière et de la nuit

Une fois coupée de l’origine, de la source divine, naissent des horreurs
La source de Vie ; et la Bouche qui en sort est le désir inassouvi né des
Yeux aveugles. Tu connais, tu as vu, alors va, et publie ! »

Puis l’on me toucha sur le front et la vie coula dans mes veines à nouveau >
Je me réveille, déjà dix-sept-heures du matin
J’ai fait un pire cauchemar, putain
Je me souviens de rien

J’ai tout noté (x3)
2012

20 nov. 2012

[Poékogikwot] Images de l'identité


"Identity is gradual, cumulative; because there is no need for it to manifest itself, it shows itself intermittently, the way a star hints at the pulse of its being by means of its flickering light. But at what moment in this oscillation is our true self manifested? In the darkness or the twinkle?"
Sergio Chejfec, The Planets (2012)

Deux tendances contraires animent les images de l'identité. Pour la première, je suis semblable à un atome, une étoile radieuse ou une planète ronde (même un trou noir, plus ambigu, moins "Lumières" et Individu), une pierre précieuse et un vaisseau en voyage, une tour, une flèche, une bogue... C'est l'accent de l'individuel, de la distance séparant les noyaux, des sujets et consciences privés, de l'essence volontaire du sujet-propriétaire...

Là, je suis ici, tu apparais lentement
Symboles : X, ʘ
Style : singulier, métaphores, comparaisons...


Pour l'autre, nous sommes les mailles d'un filet, une collection à peine particulière d'instants ou de couleurs, les liens eux-mêmes autour d'interstices creux, un reflet de reflets, tissé de saisons extérieures, les moments d'un fleuve, les voix d'une harmonie universelle ou un chemin du Labyrinthe, une œuvre ou un cadeau à d'autres... Je n'est que l'autre, un pli du drap de la vie, l'immédiate expressivité, l'éducation et la culture reçues, les actes et les histoires tissées...

Ici, tu es là, je disparais rapidement
Symboles : ##, Ϩ 
Style : pluriel, symétries, hypallages...
 
"We are the time. We are the famous
metaphor from Heraclitus the Obscure.

We are the water, not the hard diamond,
the one that is lost, not the one that stands still.

We are the river and we are that greek
that looks himself into the river. His reflection
changes into the waters of the changing mirror,
into the crystal that changes like the fire.

We are the vain predetermined river,
in his travel to his sea.

The shadows have surrounded him.
Everything said goodbye to us, everything goes away.

Memory does not stamp his own coin.

However, there is something that stays
however, there is something that bemoans"
Jorge Luis Borges, We are the time

Deux tendances contraires animent les métaphores de l'identité, et entre elles, de nombreux échanges, de nombreuses percées, de nombreuses hybridations trouvent leur place.


Nébuleuse du Lagon


La constellation est une tentative du côté de l'atome de rendre le complexe (les astres individuels naissent bien dans des nuages de gaz), tout comme le flocon unique perd bientôt toute valeur atomique s'il est éphémère et se fond dans une pluie commune, le fruit admet l'arbre, devient aliment, se fond en terre - l'atome est aussi onde, il devient étincelle, métamorphose, les îles se connectent sous la mer, le satellite s'écrase sur son astre et l'univers éclaté se retrouve, se parle enfin en toute confiance

Pour l'autre tendance, le solo musical ou l'épée font émerger des caractères uniques du flot réel qui nous tisse, des espaces de jeu personnel se révèlent, appellent à expliquer, ancrer-dérouler, écrire, pallier aux vides, sauver l'en-commun qui se délite ou tombe en ruines, le château de cartes éternel, le souvenir spécial, méditation dans le désert, les destinées se scindent et adressent à Dieu-autre leur cri le plus sain...

"No man is an Island"                               John Donne



Il y a d'autres moyens de distinguer entre les poésies du sujet et de l'identité : vers l'intérieur/vers l'extérieur, temporel ou éternel, essence/condition/situation, transcendantal/personnel, idéel/empirique/matériel, optimiste/pessimiste, force/faiblesse (prédateur/proie)...

Dans tous les cas, le principe d'identité lui-même reste un secret, anti-cerné par la poésie quand la philosophie échoue, car personne encore n'a eu là-dessus le dernier mot : conscience vécue, corps matériel, âme inconnue, voix reconnue, histoire écrite, postérité (lineage or legacy), place sociale, schème linguistique, auto-création, volonté ou voile d'ombre, d'ignorance ?

Non, nous ne sommes pas des atomes, des entités absolument fermées - non, nous sommes ouverts à tous les vents, les regards, et la fermeture de l'ego est mortelle

L'identité est un sauvetage perpétuel, un ensemble de mots et de chocs électriques qui tente de s'organiser, une ancienne confrontation, le récit d'un feu et le feu d'un récit, un réveil percé d'oubli, un sommeil de rêves dans lequel les visages et les mains ont une place particulière


AIMER # EXPLORER # CONNAÎTRE
2012