26 août 2016

[DCQLI] De ce qui l'imbibe, ce qu'elle trafique (5)


# 5
Obsessed par cette idée : un cocktail dément, unique au monde, qui s'évapore à mesure qu'il est fait, juste prêt à être signé. Cerveau-artiste et cerveau-art, "il" insiste : il tient à sa couronne, et donc moi à la mienne.

En même temps, c'est l'œuvre d'art contemporain ultime – ici : l'artiste ≈ l’œuvre d'art, le style = le geste en temps réel, le message = le process, le process = l'archive enregistrée, le remix de la trace ≈ le milieu réfléchi, où l'objet d'art se nourrit et s'affecte lui-même, où l'authentique = le système plastique de dérivations infinies, où les réseaux d'un regard se branchent au grand réseau des regards et le transforment en retour, etc. Am post-modern as fuck, TMTC ! Fnord.
"There is a link between landscapes and ecosystems. Uncovering this link could help to understand certain specific ecological processes and further holistic understanding of a given world. But first, let us clarify our heuristic definition of 'ecosystems' and 'landscapes'."
Wendy Thorzein, "Introducing phenomenological concepts and models in Landscape Ecology", Landscape Ecology Monthly (jan 2019)
Ultime dérivation, parce qu'elle contient toutes les perfections et les imperfections de l'artiste, parce qu'elle n'est rien d'autre que cela, tout en dissolvant la limite absolue entre artiste et matériau, entre réel et interprétation, entre monde intérieur et extérieur. Le cortex reformule, distend ou extrapole ce qu'il reçoit, tout en faisant partie des choses, étant une chose. L'imaginaire descend du monde et y retourne.

Ultime parce qu'il n'y a pas un seul instant pendant lequel je ne la travaille pas, parce qu'il n'y a pas un seul instant où elle ne se nourrit pas, parce qu'il s'y trouve quasiment tout ce que je suis, les échecs importants, les idées laissées en suspens, les réussites oubliées, les chefs d'œuvres imaginés ou visualisés en un clin d'œil (traces), les variations de chaque énervement et chaque orgasme, les détails anesthésiés de chaque souvenir...

Tout reste là, tout ce qui compte, crypté dedans, sous une forme ou sous une autre, abstraction faite de toute neuro-dégénérescence pathologique : l’œuvre contient non seulement ma vie entière, mais le monde entier selon moi, sans aucun reste ni extérieur. Production et produit. Quelles machines culturelles ont forgé ma sexualité artistique ? Quelles usines naturelles ont remixé la soupe ? Quelles strates auront filtré ce que – quelles ouvrières ? – ont pré-mâché, re-digéré ce que – kssk skksa ? – j'ingère aujourd'hui ?
"Ecosystems are characterised by the interactions between a biotope and its biocenosis. Biotopes are made of abiotic entities and cycles (on Earth, this ususally includes an atmosphere, a hydrosphere, a lithosphere and/or composite spheres like the pedosphere and their interactions). Biocenoses are composed of biotic entities and cycles (on Earth, this usually includes flora, fauna, fungi, bacteria, protists and their respective interactions)."
— Wendy Thorzein, "Introducing...", Landscape Ecology Monthly (jan 2019)
Mon cerveau en deux phases, comme œuvre essentiellement sociale, médiatique, écologique : plus collaborative tu meurs. La perspective est renversée, car le cerveau n'est rien sans les interactions génétiques, sociales et environnementales, et mon oeuvre n'aura fait qu'offrir ses fibres et ses pâtes à ce qui l'entoura, de près et de loin. Collaboration et hostilité. L'œuvre d'art contemporaine intègre le rejet, la réaction hostile et la provocation dans ses projets, voire l'auto-destruction par public interposé : expérimentation stimulante et succès expressif !

Après l'omni-présence de Sophÿe dans les tissus et les sillons et les tubulations palpitantes de son cortex, voici la foule infinie, humaine et non-humaine et au-delà, en-deçà, sur les côtés, sans haut ni bas, fongique, minéral, arachnide, dont Sophÿe n'est que l'hybride INFLAMMABLEUE !
"Of course, such a separation between biotope and biocenosis is artificial and abstract: the major cycles of any given ecosystem include complex interactions between biotic and abiotic entities, conscious or unconscious regulations and exchanges, including bilateral transfers of energy and recompositions, at all scales. This applies as much to seemingly highly anthropized ecosystems than to ecosystems seemingly cut from anthropic interactions."
— Wendy Thorzein, "Introducing...", Landscape Ecology Monthly (jan 2019)


« De ce qui l'imbibe, ce qu'elle trafique » (5), à suivre
texte by SK aka Ackb aka GS / L pic by Sachin Teng

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