1 déc. 2011

[Poé] Losanges


Un contentieux cyclique me force à faire escale ici
Gradins d’amphi ou travées aux arcades et vitraux
Musées de bois sur les plans inclinés de l’espace boréal

Stations de ski à l'abandon – sapins noirs et pistes sales
Dômes touffus comme le temps et remplis d’arbrisseaux

Congères d'asphalte au grand ciel ou marées de mélasse
Caves inondées d’eau et d'animalcules où rien ne passe

Depuis des millénaires – que l’œil qui ne dort pas

Les forces de l'usure sont discrètes et sauvages elles
Ne sont rien que le monde entier livré à lui-même, elles

Manient les frictions, les seuils thermiques, les vents acides
Les rayons rose et orange – doux et violents – à la perfection

Les barres immenses ont l’esprit imbibé de matière
Tout polyèdre en est absent : contingence des losanges

[Les formes élémentaires se dissipent où manque le sceau
Du regard anthropique apposé au réel inhumain, abyssal – ndlr]

Du regard entropique opposé à l’humain irréel, fumerolle

Spatioports éclairés de bougies qui enfument les vaisseaux
Territoires galactiques isolés en tempête, herbes folles

Tour massive toute sertie dans le sol de la nuit sidérale
Noires pistes à décollage, terrains de Golf ou de chasse

Tout bombardés de Soleils rétractiles – leur sel multicolore
Qui éclaire l'entre-vie des vestiges, des ports à la dérive

Pluies d'étoiles aux couleurs sans nom – émues, naïves

Ni réel dégradé en souvenir – ni réel tombé dans l'oubli
On ne peut plus détruire ce qui est tombé ailleurs sans cri

En deçà de tout site même si proche, potentiel, si parent
Du mouvement de la mue – de la forme de l'atoll – une

Caldeira toute en stèles sous l'ellipse marine, un courant
De statues – chrysalide colossale d'on ne sait quoi

Une cité vierge hors de toute exploration, corail vide


Plasticine pyramide, érodée comme un tableau sans titre
Babylone sans auteur, sable et glace, bunker blanc, UR-usine

Une porte – ici – ne peut subsister, un parvis ne mène plus
A l'intérieur – survivons-nous ? – survolons tout au plus

Un cliché colonial comme souvenir au futur antérieur
Effondré sur lui-même, reflet du corps qui délite la vie

Et non l’inverse – nos corps encore vivants qui rappellent

L'éternité fragile et factice des dix mille immortels
De l'empereur des Mèdes et des Perses




Losanges

inspiré des Analogies Géographiques
de Cyprien Gaillard

♪ ♫ Rhinestone Eyes





 


台灣新北市三芝區的飛碟屋

 
Sanjhih, Taiwan
Habitations abandonnées devant la mer

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