24 janv. 2016

[Poé] Fleuve-univers


« Je répands le sang noir des vipères
Au matin de ma vie
Le sang noir du monde par l’intermédiaire
De cette fente ma vie

Et la force irradie et je bois à mon tour
À mon tour à ses veines mille et mille

Ce sont les vifs symptômes du plaisir et du stress
De l’amour du repos du carnage
Guerres et paix des espèces

Le primate et l’humain
Le langage et les mains et les pattes
Les os poreux les salives acides

Le bombyx aux pensées de brûlure
La sève digérée puis digérée encore
Par le couvain tiédi ou l'humain assailli

Les coquilles vides au câble sous-marin
Gangues de corail nettoyeurs arachnides

Les tourbières au regard de personne
Les sillons dunaires de la planète rouge
Œil éphémère de Jupiter nuées sans nom

Tout appartient au long Fleuve visqueux
Précis à l’infini
Goudron universel c’est-à-dire aussi bien
Totalement continu

Tout ce qui vit et crache et se délite
Qui agrège et se fane précipite
Tout appartient au système qui appartient à l'élément

Et déjà ce corps nourrit des essaims inconnus
En l’onde obscure distingue à peine
Décalques des témoins d’hier

Il s’en va le sang noir de mes veines
Le sang ferrugineux
Nul cri et nulle suture ni aucun rite
Ne retiendront ce flot

Nulle ribambelle de glyphes écrite avec
À même la peau
Nulle ribambelle de signes apparue un instant
Exuvie éternelle

Au sein noir d’une Vipère »


Ϩ

Fleuve-univers, le sein noir d'une vipère
   
(Paris, Fort-Mahon, déc 2015 – révisions janvier 2016)
     
Je remercie ici Héloïse pour ses précieux conseils,
sa lecture, son attention.

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