1 janv. 2015

[Kogi] Nouvelle année (!)


«
À nouveau »
: j'aime beaucoup cette expression.

La 2015e ? Année ?

Notre calendrier n'a même pas l'â
ge qu'il donne à notre ère. 2015 tours de Soleil, 2015 tours de manège depuis un moment arbitraire, et beaucoup moins de tours depuis l'acte officiel de divinisation d'un humain et humanisation d'un dieu par un Concile fameux. Par des détours étranges, des intentions variées, la décision théologique devint origine ou point zéro d'un repère temporel qui assure désormais le décompte de toute une civilisation (excusez la fragile notion), son ambiguë portée universelle, jetée comme un filet mathématique sur l'histoire des peuples qui l'assimilent.

Le calendrier jette une ancre dans le passé pour qu'à l'avenir, on compte sans plus savoir pourquoi : on compte, c'est l'essentiel. Car il s'agit d'abord d'une fonction, d'une nécessité pratique, d'un trick plus qu'utile, pour donner à nos mémoires un rythme objectif, référent, c'est-à-dire un rythme pour tous les unir, qui permette de traduire toutes les durées sauvages dans un langage commun, qui permette de convertir notre luxuriant, fluctuant sentiment de passage dans une devise universelle : une valeur de temps universelle, monnaie unique en son genre et censément stabilisée.

Quant à l'année, la mesure astronomique sert de prétexte : que signifie vraiment l'achèvement d'un orbite autour du Soleil, quand le système solaire lui-même est en mouvement relativement aux corps adjacents ? que la Voie Lactée tourne sur elle-même, s'éloigne aussi de toutes les autres galaxies, amas, débris ? que tout mouvement dépend d'un point de référence mais que rien (aucun objet de l'univers) n'est à proprement parler immobile ? Peu concerné par la réalité physique du continuum spatio-temporel et par la relativité du mouvement et du temps, le calendrier proclame l'utilité publique d'une mesure fixe : voici un jour (et sa limite spatiale, dans l'océan), voici un tour de Terre, et voilà un tour de Soleil (dont voici les saisons, qui changent selon le lieu)...

L'histoire théologique s'ajoute au prétexte astronomique, et ensemble ils fixent un repère arbitral. Voici l'année numéro tel, numéro N, décompte artificiel de certains cycles vagues (orbitaux, météorologiques, métaboliques...), décompte pleinement relatif à l'humain (et tous encore n'ont pas le même système ni le même repère). Bientôt, tout comme l'heure, sa fonction régulatrice est sur-injectée de sentiments, de vécus, de faits et d'expériences, de souvenirs, année faste ou galère ou décisive, à mesure qu'elle devient familière et que chacun confond la notion abstraite avec le cours matériel de son destin, et de celui du monde.

Alors on fête la fin et on fête le renouveau, le retour des mêmes choses mais autrement.

Sincèrement, 2015 tours autour du Soleil... et j'en ferai combien ? Certains arbres vivants en compteraient 4 800




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