Je me réveille, déjà dix-sept heures du matin. J’ai fait un pire cauchemar, le pire que la Terre ait porté, j’ai rêvé de... J’ai rêvé de...
Je me souviens de rien
Oh putain (x2, écho)
J'ai tout noté :
< Je nage et un poissonDans le lac vide, après la pêche miraculeuseM’effleure, froid et glissant, la peau de la jambeJe vois dans l’eau cristallineEt noire pourtantLe poisson d’or s’enfuirEt je vois ses branchies noiresSur son corps éclatantSes barbillons d’encre et ses branchies d’obscuritéJe frémisJe viens de sentir le rêve s’enfoncer dans mon crâne et ma peauComme un tube ou un percolateurEt le cauchemar commence, je me souviensLe poisson fait demi-tourSes yeux sont injectés d’une lueur maligneJe veux bouger mais les muscles sont lentsLe petit poisson fait le tour de moi et en faisant mine deNe rien remarquer, il s’introduit en moiJ’ai trop honteC’est viscéralIl est chez luiLe nid de la luxureLe cauchemar continue, c’est un peu flou après, je crois queJE CROIS A JESUS-CHRIST LE FILS, VENU POUR PORTER LESSoudain je toussote, quelque chose dans la gorgeEt je recrache et je dégorge des lambeaux du poissonQue s’est-il passé dedans – à cet instant je décorpore, je me dédoubleEt je vois les lambeaux, lesDéchirures vivantes, peaux de la peau, se couvrir d’yeux méchantsEt les yeux se couvrent à leur tourD’écailles et de paupières, couche après couche
Les yeux ouverts comme des plaies – des plaies quiRespirent, des branchies de regards et de peur – des yeux germent sur les yeux, desYeux sur la surface de la cornée, des trous dans lesTrous, qui me regardent dans les yeux et creusentMon corps mou et poreuxD’entailles sévères, j’te jureSur les yeux des écailles – de dragon – comme des lames de rasoir surLesquelles poussent des yeux de félins, de poissons, de patates, encoreJ’ai vu – des tâches devenir des creux, des creux se remplir d’aveuglementEt l’œil devenir une simple cicatrice, remplie de chair de patateDes écailles couvrent les yeux, des yeux germent sur les écailles
Des yeux poussent dans les yeux et dans ces yeux, des écailles se reflètentSoudain les kunaï se détachent et tombent dans les yeux par l’intérieurLes ombres d’écailles oblongues et pointues
Crevant l’écran rétinien par l’arrière, percent et tuent
Percent les yeux puis les yeux dans les yeuxIls ont tous la forme d’une feuille d’acacia pointuePar milliers
Orbites crevés, ballons d’eaux qui éclatent, éclaboussent mon visageLaissant un trou béant d’où coule un tout petit filet de sang
Et le rêve continueCar le trou s’agrandit, s’agrandit, s’agranditDevient géant, il vrombit et respire, le trou géant
L’estomac de baleine dans lequel je venaisPrier, une fois, deux foisDans l’estomac de la Baleine qui inspire, expireInspire, EX-PRIE, inspiré, EXPIRÉ !Il se remet lentement de la panique et la douleurSoulève sa masse de vide et s’étire à en pleurer de mal aiguJe peux sentir l’air saturé du silence de douleur, de la silice de brûlureJ’en pleure (x3)Mes draps sont trempés de sueur, et les médecins s’inquiètentLe programme leur échappeJe me dédouble, je vois mon corps étendu, et eux autourMais simultanément je vois aussi
Le rêve qui continueLe trou Béant est devenu un abîme-Roi
Un abîme-Roi qui n’a fait qu’une bouchée de la ReineJe vomis de vertige, et sur le lit, attaché, je me voisMimer comiquement du rêve le vomissementLa Bouche immense respire et elle couvre toute la Terre, Tout l’espaceLa Terre est une bouche inversée, un trou, vous voyez ?C’était pas un trou noir, qui sont vraiment des boules de boules chair denses à mourirNon, c’était comme un gant retourné sur lui-même
Un gant de chair et de douleur, qui prenait toute la place
Et je suais, et je suais, et j’en pouvais plusMais le rêve continuaitEt le rêve continueDes cornes commencent à pousser dans la Bouche, des cornes immenses qui sont des dents, et des dents sur les dents, des écailles sur les dents et soudain l’ŒIL IMMENSE DONT LA BOUCHE S’EST DENTÉE S’EST OUVERTLa vision me frappa de terreur et mon corps se raidit – et je fus comme mort à mes yeux (x2)Des êtres vinrent autour de moi, j’entrevoyais leurs silhouettesEt par ce qui semblait de nombreuses ailes couvertes d’yeux
Ils me portèrent au sein du Très-Haut, dans l’Antichambre du Ciel sans numéroOù les Archanges revêtent l’habit et cessent d’être nus
Où ils bandent leurs yeux de tête et sont vus en devenir
Replient deux des paires d’ailes supérieures et laissent leurs plaies ouvertes
(Stigmates ou insignes militaires de combats immémoriaux)
Je fus porté comme mort entre les chants des vivants et des morts
Et les grincements de dents des gris-dehors-"Je-ne-vous-ai-pas-connus"
Sauvés-comme-au-travers-du-feu qui ont perdu la récompense
Mais "vivent" éternellementJe suis porté devant des trônes et des livres ne sont pas ouverts – mais un petit carnet. Il m’est dit :« Tu as vu le SERPENT qui se fait appeler ‘éternel’, il est pourtant né
Tu l’as vu, le menteur, créé lors du sommeil de Dieu, de son repos le septième jourPour l’intérim, limité, divin et partagé –, angélique
Créé par le silence de Dieu, aussi puissant que sa parole, Dragon-dagueOn l’appelle Marduk-Bhaal ou Moloch-Astarté, Hermès-fff ou Mythraaaarhysssstryyysssrrrtx#74*9Mère protectrice des Déva, maître et père de toute androlâtrie, trompeur !Tu as vu celui-ci dans sa défaite : rongé par lui-même, principe de destructionIl se détruit lui-même, très logiquement, ainsi le mal qui ronge le MalIl ne veut plus se mentir à lui-même et ça le tue, il ne veut plus tuer ses sbiresMais il ne peut faire autrement : sa cohérence paradoxale, c’est le meurtreDe soi et puis l’automutilation, et la puissance qu’il gagne se déloge aussitôtS'oppose à l'unité, à l'éternel, à l'édifice, Ahriman bouffant Shiva, imite et tordRecopiant à l'envers l'univers et le divin, reproduit pour un temps, égare et abuseTu as croisé l’impossible – il s’agit du reflet de la Lumière, l’Ange damné par excès-lanceLumineux, Lucifer, le porteur des louanges court-circuitant le canal-flux
Mais au jour du jugement il ne goûtera pas du Léviathan ni même deBéhémoth, corps préparés-cachés pour le repas des Saints, manne, painPoissons et sang-vin (les paniers de restes de ce festinSeront les victuailles pour l’éternité) – Tu as vu l’Aveuglement quiProcède, immonde Protée, de la procréation de la lumière et de la nuit
Une fois coupée de l’origine, de la source divine, naissent des horreursLa source de Vie ; et la Bouche qui en sort est le désir inassouvi né desYeux aveugles. Tu connais, tu as vu, alors va, et publie ! »
Puis l’on me toucha sur le front et la vie coula dans mes veines à nouveau >
Je me
réveille, déjà dix-sept-heures du matin
J’ai
fait un pire cauchemar, putain
Je me
souviens de rien
J’ai
tout noté (x3)
2012
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