"Qui es-tu... Qui es-tu ? Je t'en supplie. Qui es-tu, toi qui est ?"
Aucune réponse. Je n'entends rien. Je ne sais pas où écouter, comment le reconnaître — ou la reconnaître, ou les reconnaîte — depuis qu'il m'est apparu qu'aucun critère ne peut épingler "une" Voix sans nulle autre pareille
Je fatigue de ne pas savoir pour sûr, car le savoir n'est pas optionnel, et la certitude est un pain nécessaire, quoiqu'en disent les penseurs de l'après-modernité, quoiqu'en disent les drogués de la foi qui ne voient pas qu'ils ont tout appris par cœur, bien avant que le cœur n'y soit
Une fois pour toutes — peut-être pas, que sais-je de la limite ? du point de rupture ? — je repose la question, je la murmure dans un boucan d'adoration
"Qui es-tu ?... Si tu es, tu m'entends... Alors qui es-tu?"
Toujours pas de réponse. Les canaux littéraires, les témoignages, les signes, tout cela m'ennuie : je souhaite seulement le reconnaître. Le fait du monde me touche, c'est vrai. Soudain, je sens, près de cette-pensée-là, quelque chose qui se meut.
Je ressens quelque chose d'étrange — près de l'attente — comme la perspective d'une réponse, l'ombre d'une réponse attendue et possible, lentement, ça frétille et c'est drôlement intimidant
Je n'ai pas peur d'une réponse, mais je ne m'attendais pas à ce que la peur soit une réponse. Comme l'ombre inattendue d'une réponse attendue, qui ne viendra pas, car l'ombre dit ou semble dire : "L'ombre suffit... Mon Ombre te suffit"
L'ombre est son propre signe en moi, un alliage de frayeur et de joie, l'émotion à la croisée unique du bonheur et de l'à-genoux-ment : tout courbé, tout courbé, je souris, je me tais, je commence à "saisir", quelle folie
Intimidé devant rien de démontrable ni rien d'indémontrable, crainte étrange toute intime et jouissive, folle absence de maîtrise, mais pas de confiance... Rien d'invasif, rien de saillant, un regard amusé qui me laisse tout muet et riant
Est-ce le sien ? Est-ce possible ? Où en suis-je : les autres prient, certains chantent, la guitare continue à courir, des langues faiblement se délient, faiblement. Dieu m'intimide et Dieu, c'est bon — c'est douloureux. C'est donc ça, ce que d'autres ont appelé la nuit noire de l'esprit ?
Je répète en riant "Who are you, Lord?... Who?" en comprenant que ma question est sa réponse. Oh mon... Je suis distrait par une lave de paix qui cimente les failles, je la sens qui ravive et colmate et c'est bon
Après-coup, j'aimerais exprimer, retenir, savoir, j'écris mais la réponse n'était pas sûre, pas claire, pas tant que ça, la soif existe encore mais elle a changé de ton
Je ne te comprends plus mais tu réponds toujours aussi bien, j'apprendrai aussi ce silence. Tu deviens inconnu mais tu retiens le fil. Mes genoux me font vraiment mal mais c'est presque agréable
Ok, back in the room. Bonne soirée de louange, merci. Je le raconte à Tim.
Faudra remettre ça
début février 2013
img Paul Delaroche
img Paul Delaroche
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