18 août 2010

[Poé] L'arbrisseau


La vie dans un noyau


Ami surgi du ciel
Buste sans bras obsédé par le sol
S'y enfonce – météore
Cachant la vie dans un
noyau

Des années deux rameaux florifères
Font diversion quand sous les
Mammifères en silence
Se déploie l'autre forêt ou l'envers

– Interlude –


Oscillez sur la mer canopée
Avec ou sans chaloupe
Grimpez avec vos ongles serres

Tour d'horizon au mât qui bouge
Et là-haut soyez folles
Débranchez-vous la moelle

Plantez-vous au miroir vif –
Des branches à la voilure –
Des nourritures universelles

Plongez dans l'océan des lianes
Absence de surdité partout
Greffez-y-vous l'encéphale

(Dont la texture est molle terreau
Humide – autre matière
Fertile – graine qui crâne, etc.)

Tisser un corps avec de l'air

Des mois s'abreuve de feu
Solaire – acheminé par des canaux
Des centrales à ciel ouvert
Tisse son corps avec de l'air
Cet allié vertical – troncature du réel
Ne cesse de naître et comparaître
Fixe les monts
De ses roseaux et méristèmes

Adopte l'incendie comme une
Saison de son réseau

Des champignons composent
Sa raison dans le doute
L'arbrisseau, 2010 / repris 2022


9 août 2010

[Jet] Glyphe


Le glyphe est un fruit souple signifiant. C’est un fruit ciselé, artificiel et monochrome, sensé + sensuel. Son noyau est invisible et ses formes sont âpres. En lui des arabesques pour polir les traits, qui trahissent les visiteurs non avisés, des silhouettes karstiques, des plateaux surplombant une forêt minérale. Les trous d’obus sont encerclés.
 
Le glyphe pourrait se définir comme "telle réalisation concrète et effective d’un signe archétypal". Ainsi, il y a souvent plus de distance entre deux glyphes d’un même signe qu’entre deux signes aux référents / signifiés différents.

Le glyphe rappelle une vulnérabilité du sens, sa dépendance au muscle errant, à l’outil, aux passages répétés du temps ; du sens si proche du signe et le signe si loin. Le signe si sensible : l’odeur de l’encre, le creux du pétroglyphe sous la main, les traces que laisse la craie, la brûlure du fer et la vie qui combat les matériaux d’un signe actualisé. Comme dans le dessin représentatif, mon habileté est le seul moyen de diriger les lignes vers une représentation fiable et approuvée, par autrui ou par moi-même par la suite. Sans savoir ce qui recouvre le sens dans le signe, sans savoir en quelle partie je provoque le sens, pas plus qu’un grain de plus ne fait le tas ou que deux points alignés ne font de segment, le signe est en son ensemble l’élément marquant, l’atome réel. Je sens que je pourrais refuser à tous ces caractères leur pouvoir signifiant, car ils ne sont pas le caractère. Leur prototype s’agite dans ma mémoire, qui n’est pas l’archétype ou le premier glyphe que je vis : c’est une idée rêvée.
 
Le sens du symbole surgit d’après ce symbole. Mais ce symbole est toujours effectivement artistique. Il n’y a aucune forme standard, aucune forme formelle pure qui serait pure d’imprécisions, seulement des graphies toujours renouvelées. Devant le A, devant le B, toujours, l’interprétation. Infinitésimale, discrète, furtive et vive comme l’éclair. Sitôt qu’on a satisfait la grammaire et l’orthographe, parfaite liberté de glisser ! Les interstices et les failles sont légions, et en réalité je ne crée dans mon signe qu’un avatar, un moindre mal.
 
Le visuel et le tactile du glyphe ne font pas partie de la fête intellectuelle, ils ont planté leur tentes en marge pour un festival alternatif, prêts à envoyer leur consommateur dans l’espace phénoménal – ascensionnels pour ce qui échappe à la pensée et au langage. Une calligraphie intense et des tracés batifolants, des raideurs architecturales, coroïdes surannés, des plantes bleues, des monolithes glacés : le réveil ne finira jamais.

Le glyphe a la particularité d’exprimer à la fois le singulier et le spirituel, sinon l’éternité. Celui sacré, ou Hiéro-glyphe, est certainement le plus connu de tous. Mais c’est surtout qu’on grave un glyphe dans la pierre, le rocher, ce qui lui donne de résister au temps mieux que les écrits de papier. L’extrême fragilité de l’arena-glyphe révèle le mode de disparition du glyphe : par érosion. Le bâton qui surcreuse l’arène humide élève sur le bord du tracé une dune de protection qui ne suffit jamais. Le glyphe nous irradie, il est unique, incarnation : mais le spirituel n’est pour nous que dès qu’il s’incarnate (incarnat couleur de l’amour devenu chair) – qui nous révèle ses tracés ? La main n’est pas toujours percée, elle déroule ses anges : les glyphes.

Comme le mot lui-même a peu de chances d’apparaître en début de phrase, et peut-être encore moins d’être l’objet d’une personnification dans une fiction quelconque, donnons-lui artificiellement la majuscule qui manquait – et même peut-être soutient-il la posture aérienne, gonflé qu’il est de sa prestance ?

Glyphe

Vous remarquez l’aisance avec laquelle il se propose aérolithe. C’est presque trop beau pour être vrai. Ce glyphe du mot qui se prononce pareil ne demande aucun fil, aucun support particulier, aucun qualificatif pour être beau : "it looks so good on its own". Certainement le "glyph" anglo-saxon est-il un brin plus sexy avec sa frange raccourcie et sa dégaine asexuée, mais il a perdu en équilibre visuel. Un choix d’écriture du mot opéré pour la belle symétrie. Laissons-la s’expliquer :
La première lettre majuscule est un dessin inversé et agrandi de la dernière. Légèrement incliné. Les poutres verticales s’équilibrent parfaitement entre le ciel et les profondeurs, mais sans monotonie, et par deux couples. Les deux lettres du raffinement forment le couple parfait : « L » se tient raide comme un nez, tandis que lu-i grec, tassé ; laconique colonne et l’abyssal poinçon du Styx, deux vrais dandys ! En face, non moins typés, les tenants du sifflement.
Deux éléments bombés, faussement rampants, des bons amis qui n’en sont pas à leur premier zéphyr ; des bêtes de scène, les gardiens du phonème. Lâche, en se projetant vers le haut comme pour imiter l’aile, s’appuie sur un arc-boutant la lettre, se termine – tandis que sa comparse donne la perle, sa goutte de pluie sur le petit pilier, adhésive, immunisée, électromagnétique, qui lévite au niveau de la mer, reposant sur le sol invisible de la ligne de l’élève, au tracé indiscret et forcé, au tracé si glyphique, si archaïque.
 
La lettre centrale de l’épée forme le noyau rond du mot. Elle évite de justesse d’être doublement transpercée : la diagonale qui vient du haut y retournerait presque, et celle qui vient de bas en haut s’écrase vite ; mais ce mouvement d’échappement donne à l’ensemble d’incliner à la lecture, de gauche à droite. Les formes suggèrent l’A-bsent à mi-chemin exactement du mot, vers les bas, comme un appel vers l’aspect sonore du mot, vers sa vocalité spectrale.
La prononciation de [glif] est brève, mais stimulante, elle débute dans la profondeur médiane de la gorge, exige de la langue le geste d’ouverture, comme pour offrir le son strident (mais ici émoussé). Visuellement, il y a une dépression polie, arrondie et comme imprécise et floue entre des traits précis et opaques. Cet effet de couloir court, de sas, est renforcé par le souffle final qui répartit la complexité précédente sur tout l’espace d’ouverture disponible (de sorte que le dernier phonème donne l’impression de ventiler avec neutralité l’étrange biologie qui le précède).

Étrange ? « Non ! », dirait Jean-Pierre-Brisset. Mais encore faudrait-il trouver au fait du glyphe (ses dénotations positives par le biais du sémantique) les attributs plus haut quelque peu divagués ... Une tâche qui révèlera peut-être tout le creux, le vide du mot : "the void of the glyph".

2010 et repris

 

5 juil. 2010

[Poé] Les plages


Douce pente sur laquelle je m’avance
L’immersion de mon corps en ce corps complémentaire
Qui dévie et divague non sans indifférence

Les deux bouillonnent, corps savant, corps de guerre
L'écho brûlant habite encore la plante
Mais la frontière – pourtant – est franchie

Passé ! Perdues, les plages promises et pour le
Meilleur je puise beaucoup de lumière, alliance
Reçue : ton rire anime l'escalier des blessures

Des serres de coquillage dans les chairs, qu'importe
Vous n’y comprenez rien ? Cherchez encore – des plaies
Salées à l’eau de mer – oui – salées à l’eau de mer

Dans l'autre vie, un analyste se penche et lâche
« Le salaire du désir… échouer toujours sur les mêmes
Plages ! »
mais son ombre crie le contraire

Alors, caravelle satellite aux mêmes ogives
Bénéficiaire d’un radeau de neige et liquide
Dissolvant de mes villes favorites : j’écris

Non pas « Ô cendres polychromes de Venise ! »
Mais « Tel ami/e, telle personne que j’ai fait souffrir
Demanda l’autre soir, comment sortir du doute »

La diversité de mon cap – fjörds, pépites
Échappe à la sentence qui la synthétise
De toute l’ardeur des batteries de mon corps

En sueur – car le travail de guide sera le prix
Pour cela, le travail du sentier, aplanir
Et sur les plages enfin, la mer sera foule et

Dans l'aube à venir, pleure-t-elle, écume sœur
– Je ne me languis plus, je reçois, construis –
Du sacrifice
Les plages, 2010 / repris juillet 2012        
   

15 janv. 2010

[Kwot] Une phrase de Virgile



« ... et c’est à sa démarche que l’on reconnut la déesse... »

— Virgile,
L'Enéide




[Loud!] Recherche de la base et du sommet

  
  À tous les B/L de Fustel (promotions alentours 2008-2010)
  À notre humble devoir de culture et de société


Recherche de la base et du sommet de René Char, mini recueil de cristaux sur le maquis, la résistance aux nazis, l'Histoire, la beauté, la poésie, les peintres et la peinture, la vie. Narratif, poétique, épistolaire tout mêlé, ultra-dense, théorique et engagé. Char est massif et nous donne ses conseils et des sentiments passés au feu.
« Nous désignerons la beauté partout où elle aura une chance de survivre à l’espèce d’intérim qu’elle paraît animer au milieu de nos soucis.
Faire longuement rêver ceux qui ordinairement n’ont pas de songes, et plonger dans l’actualité ceux dans l’esprit desquels prévalent les jeux perdus du sommeil »

p. 25, Note sur le maquis
Par des images que l’œil non averti peut croire surréalistes, Char donne du sens, cache du sens dans des caches, comme le chargement d'un avion hante la forêt après un parachutage. Il faut chercher.
« Il existe un printemps inouï éparpillé parmi les saisons et jusque sous les aisselles de la mort. Devenons sa chaleur : nous porterons ses yeux.
 La parole soulève plus de terre que le fossoyeur ne le peut »

p. 32, Trois respirations
La clarté de Char est cryptique. Cryptique et pourtant si cruciale, si belle – ancrée dans des souvenirs. J'en donne ici trop peu d'exemples, mais difficile de choisir et surtout d'isoler les phrases de Char : ce pécheur des glaciers, qui compose en chardons ses "poèmes", avec des mains comme engourdies.

Impression que la métaphore telle quelle est si explicite, naturelle, que tout détail ou toute analyse la décompose et la dérive ! Chez lui, tout mot est digne de la beauté, même les plus modestes !
« Certes, il faut écrire de poèmes, tracer de l'encre silencieuse la fureur et les sanglots de notre humeur mortelle mais tout ne doit pas se borner là. Ce serait dérisoirement insuffisant. [...]

Prends garde à ceux qui s'affirment rassurés parce qu'ils pactisent. Ce n'est pas toujours facile d'être intelligent et muet, contenu et révolté. Tu le sais mieux que quiconque »

 p. 12, Billets à Francis Curel
Ces textes sont historiques : non pas au sens où les faits passés donneraient la clé herméneutique, mais au sens où l'engagement de Char et le risque physique de la Résistance modifie grandement la portée et le sens de cette double Recherche. Elle assiège notre esprit, nos imaginations, et nous rapporte à notre situation contemporaine : les conditions sociales et politiques de la beauté. Nous n'avons pas d'excuse, et sans nostalgie déplacée, nous avons nos Résistances à mener.

Pensons à notre en-commun, que certains menacent toujours plus de réduire aux expériences commerciales, aux hypnoses du passé, aux esclavages littéraux du travail et de la bile. Pensons à aujourd'hui : aux vies piratées, aux libertés déchues – en France, en Irlande, en Islande, en Italie, pour ne pas aller trop loin, à la Hongrie, à l'Ukraine. Pensons aux élections à venir et aux batailles du pseudo-politique. Opposons une recherche de la base et du sommet à la vanité de ce qui peuple nos emplois du temps. Char n'exigeait jamais rien qu'une tentative, répétée autant de fois que l'on pourra.

Les balles n'ont pas remplacé la parole et les textes, alors qu'attendons-nous pour en user ? Les bibliothèques sont toujours ouvertes et Internet est l'arme du siècle – alors lisons ce Char qui nous défie dans notre actualité :
« Les stratèges sont la plaie de ce monde et sa mauvaise haleine. Ils ont besoin, pour agir, prévoir et corriger, d'un arsenal qui, aligné, fasse plusieurs fois le tour de la terre. Le procès du passé et les pleins pouvoirs sont leur unique préoccupation. Ce sont les médecins de l'agonie, les charançons de la naissance et de la mort. [...]

Ils font sans cesse se lever devant eux des moissons nouvelles d'ennemis afin que leur faux ne rouille pas, leur intelligence entreprenante ne se paralyse. [...]

Ils accusent le cerveau d'autrui d'abriter un cancer analogue à celui qu'ils recèlent dans la vanité de leur cœur. Ce sont les blanchisseurs de la putréfaction.
Tels sont les stratèges qui veillent dans les camps et manœuvrent les leviers mystérieux de notre vie. »
  
p. 17, Billets à Francis Curel
J'ai trouvé qu'il y avait beaucoup à chercher dans ce livre. Beaucoup de plaisir et d'énergie :
« A l'intérieur du noyau de l'atome, dauphin appelé à la monarchie absolue, j'aperçois, en promesse, des tyrannies non moins perverses que celles qui dévastèrent à plusieurs reprises le monde, des églises dont la charité n'est qu'un coquillage, qu'une algue sur les bancs agités de la mer.  Je distingue des êtres dont la détresse n'est pas même atténuée par la nuit conciliante, et des génies qui défient le malheur et l'injustice.

Ce qui suscita notre révolte, notre horreur, se trouve à nouveau là, réparti, intact et subordonné, prêt à l'attaque, à la mort. Seule la forme de la riposte restera à découvrir ainsi que les motifs lumineux qui la vêtiront de couleurs impulsives.

Vie aimée, voici que le puissant temps revenu se penche sur toi, satisfait sa fièvre, et, prodigue de désir, donne le tranchant. »

p. 32, Heureuse la magie 
Que nous allions jusqu'à réfléchir ce que dit Char – ne pas le prendre à la lettre, bien entendu – parce que lui-même distingue sa situation et ses usages, bannit la superstition avec les mots de la croyance, et dénonce le mépris moraliste avec les mots du bien et du mal. Char écrit le reflet d'un combat ; nous pouvons être le combat de ce reflet.

Saisir les nuances de ces textes demande des efforts, et c'est pour le mieux, pour une génération de vingt ans trop impatiente, qui fantasme la rime entre génial et facile. Que notre effort d’interpréter soit le premier d’une longue série.


Recherche de la base et du sommet, lu chez Gallimard, Poésies
Lire aussi Fureur et Mystère, du même géant de terre, écrits poétiques de 38-47


9 déc. 2009

[Poékwot] Un lecteur (Jorge Luis Borges)


«
Que d'autres se vantent des pages qu'ils ont écrites ;
moi je suis fier de celles que j'ai lues
Je n'aurai pas été un philologue,
je n'aurai pas interrogé les déclinaisons, les modes,
la laborieuse mutation de lettres
le
d qui se durcit en t,
l'équivalence du
g et du k
mais tout au long de mes années j'ai professé la passion du langage.
Mes nuits sont pleines de Virgile,
avoir su et avoir oublié le latin
est une possession parce que l'oubli
est une des formes de la mémoire, son vague souterrain,
l'autre face secrète de la monnaie.
Quand mes yeux s'effacèrent
les vaines apparences chéries
les visages et la page
j'entrepris l'étude du langage de fer
dont mes aînés se servirent pour chanter
épées et solitudes
et maintenant, après sept siècles
du fond de ton Ultima Thule
ta voix m'arrive Snorri Sturluson.

Le jeune homme, devant le livre, s'impose une discipline précise ;
à mon âge, toute entreprise est une aventure
qui confine à la nuit
Je n'achèverai pas le déchiffrement des vieilles langues du Nord
Je ne plongerai pas mes mains désireuses dans l'or de Sigurd
la tâche que j'entreprends est illimitée
et va m'accompagner jusqu'à la fin,
cette fin non moins mystérieuse que l'univers
et que moi, l'apprenti.
»


Jorge Luis Borges, Un lecteur, traduit par Ibarra

12 sept. 2009

[Poékogi] Ne pas s'y perdre (lire, écrire)

.
Dans la vraie vie, il n'y a pas de scénario. De notre point de vue, tout est à écrire, en théorie... sauf que nous arrivons en plein milieu d'un Livre d'histoire(s) déjà écrit. Les siècles passés sont invisibles à ceux qui en restent aux évidences, les siècles les dirigent, ont tout écrit pour nous si nous ne savons pas les déchiffrer autour de nous, pour maîtriser le réel.

Tout à écrire, mais tombés au milieu des pages déjà écrites, des générations passées, des révolutions, accords secrets, des lois et us, au centre d'héritages, des guerres et de la production, de fictions familiales, de travail, d'administration, noyés d'encre et assoiffés d'argent, des mythes aux médias, les livres dans le Livre...


Saisir l'économie, l'histoire et prendre en main la misère à ma porte, l'accueillir dans mon lit pendant l'hiver - conduire le véhicule suivant le Guide qui n'a rien à cacher à ceux qui cherchent - apprendre et lire, lire, chercher où rien n'a encore été écrit - impossible ? tout semble déjà noirci - par défaut : respirer du stylo, inspirer, expirer, s'inspirer, exprimer - apprendre et décrire avant de définir, décider, avant de pouvoir élever

Il faut donc apprendre à se repérer, par expérience, localiser les lignes où nous nous trouvons - des limites corporelles aux grands paragraphes de la pensée - chercher entre les lettres immenses et labyrinthiques pour trouver l'air libre, au-delà des bibliothèques et des ghettos, des ruines et des sentiers dunaires, ce vide où inscrire l'expérience, ce lieu de conviction et de liberté : l'espace vierge de déterminations, la fin de la page où il faut donc écrire

_______où reprendre l'histoire

et surtout : ne pas s'y perdre




[Jet] Partager la guêpe


< Dans les guêpes, je partage trois choses : le thorax, l’abdomen et le dard.
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* 𖤍 *

La guêpe, c’est d’abord une armure, le mythe doré qu’a chéri le petit garçon. J’appelle cela son thorax. Sur le pectoral et le masque poli sourient les reflets d’un enfant. Des grandes batailles épiques et minuscules dans lesquelles je m’imaginais manger dix flèches et dix carreaux d’arbalète à emporter. Des essaims d’ennemis tombant sur nous, les coups pleuvant avec les bêtes, externalisant la rage et la peur du rejet, puis soudain pure de tout ressentiment, pour la beauté du geste et du fuselage. Blindage effilé, miroir mat, pointes mobiles, divines carapaces. Ce monstre dru qui s’élève, qui rugit, bardé  comme un cocon, aveugle mais masqué, c’est à la fois le blindé qui sort de l’ombre et le glyphe lumineux qui l’anime.

Le design modèle d’un engin dirigé vers la destruction, de conception parfaite, qui participe de l’obus, de l’hélicoptère d’assaut et du ninja à la fois. La beauté de la guêpe est si létale ! Beauté dont les peintures de guerre
l’entrelacs de l’or et noir comme de la mort et de la gloire. Ces empreintes tracées sur sa coque, et reproduites à l’identique en de multiples lieux du corps, telle est la guêpe de l’enfant (l’enfant violent que je suis). J’aime l’artillerie qu’elle déploie quand elle s’élance, et le doux son des lèvres dans ses yeux : tout ce qui perle l’attire, car elle sera la crevaison. C’est une pluie qui est plus remplie de peur que de destin. On dirait qu’elle porte le casque du vaincu, le gladiateur honni tuant. C’est un cadeau du ciel qui vrombit doucement : en un mot, c’est un souvenir.

La carcasse géométrique prend tant d’ampleur dans la guêpe qu’elle me paraît vide d’un être, exosquelette aux intentions invisibles, et son amour immodéré pour le sucre me rassure. Elle n’est alors qu’une mécanique qui se grippe et se rouille dans la confiture, les hexagones implosant sous le faîte du grain de sable – le miel. Si quelqu’un savait porter sa main sur les rênes de ce bolide harnaché, plaqué, cinglant, il donnerait vie à plus d’un enfer. Parce qu’enfin le thorax est une cage, c’est une cuirasse fragile, c’est, sans poumons qui l’inspirent, une vraie moissonneuse-batteuse, une faucheuse semi-automatique.

Le thorax, cette partie de la guêpe et la guêpe en armure, c’est une partie de passé comme une partie de tric-trac : c’est la vie avant de croire à la sincérité des fleurs. Butiner que nenni : je suis là bien avant de grandir et de croire à l'entre-deux, bien avant de réussir à s'engager pour ni-le-tout ni-rien. Cette guêpe-là, hérissée en binaire "minion" formique, sexy atone, formelle, aride, védique – ne se contentera jamais : elle massacre les abeilles par jalousie, dans un demi-sommeil, mobilisant la puissance esthétique des armements, le gothique ciselé, le lourd métal, la bombe nucléaire, l'ogive et la fleur d'assaut mortifère, la fièvre des vagues scélérates détachable de ses révoltes et crispations.

L’enfant fasciné par les chevaliers n’est pas ce fou d’ogives et de carnage : il a peur de la bête et l’écrase sous la main. L’adolescent gardera un arrière goût de poudre noire dans la bouche, ce thorax pilé par la main du gamin.
Il se réveillera un matin froid avec les autres dans les yeux. L'adieu à la mélancolie, l'adieu à la machine, à la pureté. Un jour, on se réveille bâtard et on aime ça.


* ꇊ *

Dans l’abdomen, sous le carcan étroit, tout est noir. Il fait un peu froid. On aperçoit au loin une lumière blanche, puis deux. Le grand ballon respire lentement, comme une serre. Et les plaques dures se meuvent mal. Parfois l’une d’elle craque sourdement, comme un tronc dans la brume. La guêpe se réveille, fatiguée d’avoir distribué des lames de rasoir, d’avoir voulu prouver sa dignité, sa force, son courage. Elle part pour un grand voyage.

Dans ses membres blessés, elle tente d’insuffler une souplesse. Elle se peint enfin fragile sur le corps, avec des doigts étrangement humains. Le vent la balaye, une herbe lui barre la route. Son corps lui est un poids. Elle aimerait oublier ses réflexes pervers, trouver le soleil et le mater. Elle frotte ses yeux avec les deux tiges segmentées, terminées par des crochets, qui lui servent de mains. L’abdomen de la bête me dégoûtait, il me ravit aujourd’hui : des lattes de chitine qui gonflent et se déchirent en plusieurs endroits, laissant couler des liquides peu adéquats... Une tendresse envers soi – l’acceptation si vous voulez – le corps de l’esprit, ou encore : l’espoir. Si je pouvais serrer une guêpe entre mes mains, son corps tiède comme un moineau, je tiendrais enfin le précis de la vie – son détail – mouvement compris, avec la promesse de la morsure, ce qui lui donne son goût salé ! Quelque chose me dit qu’il s’y trouve un secret, dans ce fruit qui craque aux entournures, qui rayonne bientôt comme un propre soleil.

L’abdomen est ce qui, entre le thorax et le dard, gonfle et fane les désirs mortifères, ce qui rend inlassable l’épopée de la vie – nous entraîne aux gouffres de la fin et nous vole à nos pertes noires. Jamais les lattes dorées ou ténébreuses ne lèchent l’autre peau, la peau de l’intérieur, la peau de l’esprit ou ma propre peau. Elles sont molles et la guêpe éveille ses sens par le lavement : livrés dans l’insondable matrice de l’abdomen-corps nous irradions comme le soleil nous irradie. Ce soleil irradie loin des fureurs thoraxiques, même si parfois une volée de crises noires et des reflux de bile amère – ludique – et de chimère – peuvent encore secouer l'abdomen nouveau-né ! Velléités d'anarchisme, vindications sur fond d'orgueil déçu et (non toujours déchu), l’ire enfantine, les coups de poing dans les ronces (fascination des cicatrices), ou le bras de fer comme rechutes dans la première sphère ? C'est sûr.

Un soleil monochrome, très solitaire et très désagréable à regarder de face : le soi purificateur et justificateur, ses lumières intimes et rassurantes – c'est le prix de la brèche qu'a ouvert l'âge de la relation – l'âge de raison ou des repères, de la douleur connue – du temps pour tout. Non-jugement, mais non absence de jugement. Les choses qui s'enfoncent lentement, le combat fait à la lâcheté (à l'intérieur !) et les murailles mises à bas. L'économie de la misère, l'abandon des pures visions meurtrières – l'adieu à la vengeance – le sérieux pour Sören (dont l'abdomen sécrète alors des fiels et des cieux de réel).

Ivresse du contact multi-polaire, de la déroute, des lattes qui craquent et se démettent, de la caresse – comme elle-même, ni rêve ni promesse – mais du regain de vie – du coûte que coûte, équilibré –  tout en repos et en tension, mais cette fois-ci hors des éléments simples et des réponses tranchées, le don et le cadeau de ce qui me répugnait, car la conquête et la maîtrise n’ont d’autre but que l’abandon, l’engagement – et ce devenir brutal depuis la cage thoracique brillante et (im)mortelle (pour soi) pour elles jusqu'aux rivages battus, brisés, l'épave abdominale : aveu des plaies. Capitulation, cadeau reçu, sans prétexte
sans même recommencer à y croire ou à faire le malin. L’abdomen, je l’embrasse, et il sécrète son sursaut densifié dans le dard.


* ༉ *

La guêpe dans l’interstice de la mort et de la vie. C’est son dard qui remplit cet office, qui trace le fil d’or. Comme l’Éris qui est une garce et provoque la course, la destruction, et l’autre Éris, la même, qui est en même temps marraine du changement, d'une division fertile, le dard est intermédiaire, limite et ligne, entre l'abstrait et le concret, le cordon qui relie la guêpe à la terre, comme chez les araignées : tellement fin qu’il est invisible. Il sort de l’imagination pour être la frontière, défier le trait et la ligne de mire, ligne visée mais toujours impalpable. Ou bien l'inverse : le dard, queue du fruit, émotion pleine et carreau affublé d'une grenade à fragmentation. Dans la guêpe en effet le vol hasardé (en apparence) ne prend sens qu’en regard de son dard, du crochet venimeux qui peut me blesser.

Dès que je vois une guêpe, je ne peux pas rester tranquille, je dois de suite choisir entre la mort et la vie. Soit je la tue, soit je la laisse en vie. Mais si je m’attaque à sa mort, je pique la curiosité de la mienne, je risque de provoquer l'essaim, l’aller direct vers "plus jamais" à la vitesse de la lumière. La qualité non dévoilée de l’allergie, toujours cette mort peut-être inscrite en moi. La guêpe est un horizon, une limite dans l’espace, ce trait infinitésimal qui se déploie entre le monde et l’infini. Son dard contient le pouvoir de séparation entre le bien et le mal, la pointe du rouet qui me renvoie en léthargie jusqu’à ce qu’un Seigneur aimant explose le dragon, la signature d’une lignée dardant (le dard qui tire dare-dare le trait sur la lignée d’Adam), la cicatrice pure de tout ce qui ne rappelle pas la douleur. Le linéament termine l’abdomen : la mort n’est dans l’abdomen des vivants qu’une pensée rétractile et l’absence d’aiguillon perpétuel.

Dans sa caverne peuplée de capteurs, mon dard est ma langue, qui partagent la même forme acérée. Ils sont à la fois cette maîtresse qui entraîne la vie, qui la forme et l’éduque. Cette allumette et son venin, qui répand l’huile sur le feu ou le baume à la plaie, dont le miel est festin quand elle-même donne du sel pour un rien et rend du lait pour de l'acide. Elle a le pouvoir du crochet et de la vérité.

Le dard est aussi le piquant de l’amour qui vole à tous hasards. Refus de la logique distribué : quand la logique du cœur éclot, ou ses raisons, il s’est déjà enfui. Car on ne sait jamais ce que son poinçon nous fera avant la première fois : tous en sursautent mais l’alarme ne fait pas le moine, et l’incendiaire ne fait pas de gâteau. Dès le début du monde a été déposée dans certains la réaction violente.
La guêpe plante un dard à fleur de peau, on se tortille, on déchaîne la colère, on en chie, et puis chez la plupart la douleur passe, le corps combat et le choc de l’amour se dissipe, le souvenir du corps étreint dépérit, on en guérit.

Mais si c’est un des élus, alors l’allergie invisible se réveille : elle gronde, très loin, au plus profond de l’âme, si bien qu’on ne décèle pas de suite son réveil
les gouttelettes sucrées du venin courent dans les canaux, réveillent la chair d'une explosion latente, le ballet aérien repeint les murs et tambourine à l’éveil de la passion furieuse - l'éclat de verre soudain, ce petit cône d'épine ou sa fléchette triangulaire, a fait naître un destin. Son flot conquiert tout l’empire qui s'auto-mine et ça plonge vers le cœur. Alors seulement le manque devient violent, le corps se réclame de l’autre : il devient fou, menace de s'étouffer.

C’est là que je dois substituer un visage au petit bourdonnant, car je me fais cette remarque à moi-même : « il n’y a finalement pas grande ressemblance ». Un frôlement lumineux de toi, et je ne peux plus m’en passer. Ai-je dans moi ton éclat invisible, tapi dans l’ombre, bien caché, qui n’attendrait que la morsure ?

Le tourment acide a cessé. Soudain. Et relation se mue, se continue longuement, comme pour les animaux affiliés aux morsures : déversement nouveau entre peur et désir – dans une jeunesse re-découverte. Et l’ouverture, inattendue, un coup de pouce et c’est l’infini – du vol – d’une guêpe : suspendue par un fil invisible ! Déluge de pointes – mort à l'indifférence – puis paix, la paix abdominale subsistant malgré tout. La paix dans la morsure, même. Guéri par la blessure. J'ai partagé la guêpe, j'ai disséqué la bête, simplement récité ce que j'avais en tête. Mais qui sait comment un léopard déchiquette l'univers pour en libérer le parfum ? Où étions-nous quand le ciel et l'insecte ont été faits ?




L’armure se déploie, le cœur enfoui qui bat, l’épine ne se retire pas. Les trois, là, sont la guêpe – qui reste en vie. Un magma. >

Partager la guêpe, 2009

29 juin 2009

[Kwot] Before I change again

 

"Wake me up before I change again

Remind me the story that I won't get insane 

Before I change again"

— Infected Mushroom, Becoming Insane (lyrics), 2007

28 juin 2009

[Kogilovée] Pas une chose que l'amour


L’amour ne se tire pas à soi comme une couverture, ne se tire pas comme une conclusion, ni derrière soi comme un bilan ou un échec. L’amour n’est pas un fait. Il se profile et naît d’un aveu croisé, parfois gênant et raté, parfois douloureux et difficile. Mais pas toujours.

On ne tire pas sur l'amour comme sur une clope ou sur un ennemi, c'est pas possible, on devrait l'avoir sous la main et l'amour n'est jamais sous la main. L'amour est un versant vertigineux et banal. Même s'il est sûr, connu, éprouvé, l'amour n'est pas maniable ou évident. C'est la connaissance de l'autre, c'est la gestion de cette connaissance, c'est la maîtrise de soi, et l'immaîtrise de soi et de cette connaissance. Comment éviter d'endormir l'amour ? D'aimer un rêve, ou de feindre ?

Pas une chose que l'amour, pas un fait. Entre l'aveu qui prend les devants et l'attente de la preuve, entre inconditionnel et attraits conditionnés, exigence et acceptation, tendresse et correction, repos, chaos, fun et sérieux, des comptes et du don, des habitudes et de l'initiative, des techniques et des jeux, etc. Pas toujours question d'équilibre, mais aussi de compromis. Pas toujours fonction de la proximité, mais aussi de la distance. Pas toujours difficile à cause des disputes ou des regrets, mais avec le bonheur et la réussite.

Contrairement à une idée répandue (je crois), l’amour s’invite, ne s’impose pas, n’envahit rien, mais se fabrique en partie. Il rejoint et protège et allie celles-ceux qui n’ont que faire de son nom, ceux-celles qui ne s'arrêtent pas à lui. Insérer ici quelque chose sur les failles, la vulnérabilité, le soutien, le pardon, le style, la curiosité, les petits riens et l'alcool.

C'est aussi le reste, I guess.



9 déc. 2008

[Lovée] Lava et Christal


C - Lava, tu es belle. Dès le premier regard, tu as traversé une de mes parois sans la briser
L - Oui… Je sais…
C - Tu n’es jamais sortie de ce labyrinthe, et depuis cet instant tu me brilles du dedans. J’en suis le prisonnier, en moi, dans ces reflets. Tu aimes ça ou quoi ? Tu comptes me libérer un jour ?
L - Mais oui, avec plaisir, mon ami – je te serai dévouée mais… comment ta peau est-elle si dure… Comment…
C - Lava ?
L - Oui, pardon – où suis-je ? que veux-tu que je dise ? …
C - J’essayais juste de rendre le moment solennel, toi-même tu me disais...
L - Oh ! C’est parfait !
 
(Un temps. Gêne de quelque chose qui passe entre deux êtres qui se connaissent)

C - ... Lava, tu m’embrases à distance et tu nous le refuses en entier !
L - ... Tu sais bien que j’ai peur de l’hétéro-épitaxie, celle de ma sœur ne s'est pas bien passée, et…
C - Oui, j'en suis conscient. Laisse-moi te dire que ma concrétion est pure. En plus, nous nous protégerons, nous le ferons sous atmosphère neutre, argon ou azote, je te le promets.
L - Bon. Christal. Je te crois. Je l’accepte… Mais...
C - C'était un simple prétexte. Je l'ai senti, Lava, je ne t'en veux pas. Dis-moi simplement... 
L - Bon... C'est à propos de l'élément divin, que tu saches tes promesses et tes faiblesses devant elles. Que tu ne sois pas seul. Christal, tu resplendis et j'ai peur de ne pas être la seule, de ne plus être la seule avant même de commencer. Je sais que c'est absurde, et j'aimerais te dire que j'ai confiance en toi... mais pas en toi seulement.
C - ... Je... Je le sais. C'est difficile pour moi. Je m'appuie aussi sur une roche plus solide, plus entière et plus brûlante qu'aucune de mes faces, mais elle est tellurique. Comme tu le sais, je n'ai pas ta passion pour l'énergie thermique absolue, abstraite, ni ton espoir final de fusion... solaire ? Je ne sais pas. Mais je prends toute blessure au sérieux. Et depuis toi, depuis nous, je parle de ces blessures, je les reflète. Je les accepte. Mes efforts, à ma façon, se sont construits sur la conscience de mon insuffisance.
L - Tu es vrai. Tant que tu vis, parle-moi.
C - C'est promis, par l'élément qui m'excède et m'informe. ... Me libères-tu ?
L - Tu me demandes toujours des actes, des signes, des preuves – j’exauce ton vœu : je t’aime !.. Je t'aime si fort...
C -  J'aimerais pouvoir...
L - JE T'AIME !
C - J'apprends à le savoir ! De plus en plus ! Lava, je n'en peux plus, ne soyons retenus par rien.
L - Alors approche, délie-nous un peu plus, vers l'union éternelle. Approche sans regret !
C - Je ne peux !
L - ...?
C - Je suis immobile par nature...
L - Ah, oui, excuse-moi. Bon, j'arrive dans un petit moment, je quitte ma chambre inférieure.
C - ...

L - Désolée. Je suis plutôt visqueuse depuis que je ne vis plus chez Magma. Encore un peu...
le temps de recouvrir cette paroi.
C - Plus vite ! Par pitié.
L - ... Christal... Je ne peux te mentir : tu souffriras dans l’union de nos corps.
C - … Je… Je te serai solide comme du verre qui se brise. Alors fais-moi fondre à ta chaleur, ne te contente plus de me faire chauffer comme ça – vitrifie-moi, rend-moi souple comme toi et docile à ta voix pour changer. VITE.
L - Attache-toi solidement car je ne peux te retenir, tu le sais, je te promets de ralentir ta chute comme l’eau d’un lac ardent, te sertir dans ma brèche, ma veine, mais tu devras plonger. Noyé, mon amour. Sois lémure, Christal. Hante-moi !
C - Scelle-nous. Enfin. Temps de la gangue nue, temps du diamant. Ma Lava !

Épilogue

C - AAAH, ça brûle ! Aah...
L - Oui, c’est moi..."ça". … Mm... Ça ira ?... Pour toi ?
C - Ugh, oui, je crois… Mmm... Héhé
L - Huhu. Hm. Umm.
C - Mm... Attends, moins vite, moins...
L - Oh.
C - ... vite... Aah. Trop... mm... tard.

8 oct. 2008

[Poé] Trempe, ô mon destin, tes ailes dans la Seine


Ne crois pas à ton immortalité
Elle est un vœu de ta défaite
Ni aucune gloire ni renommée
A ton crédit seront portées

De toute écriture, tu souhaites
Passer à une postérité
Ingrate inculte sourde et muette
Oui tu l’as toujours désiré

Mais l’aube viens demain où tu
Choisis d’être un anachorète
Qui voue le monde aux gypaètes
A de vrais déserts vides et nus

Outretombe en toi l’orgueil
Plie-le qu’il ploie sous ton mépris
Jeté au feu et sans abri
Témoin d’un anonyme deuil

Oui l’aube enfin t’atteint et elle
T’accueille et marche à tes côtés
Tu prends sa main achevant tes
Espoirs de gloire perpétuelle

[...]

Cries Noël de joie tu le sais
Un jour tu décriras à l’imparfait
Ce que tout à l’heure encore
Tu espérais au futur antérieur
2008, hypokhâgne