Dieu saisit à pleines dents le bateau immortel
Son archange capitaine, son équipage de séraphins
De la nef brisant net l’élan céleste et démentiel
Dieu mord dans son échine qui gémit vaguement
Avec lenteur élève la coque dans le vide apolaire
Au-dessus (au-dessous ?) d’une petite planète bleue
Soudain le phare solaire s’éteint dans une éclipse
À bord la frénésie fait place aux sueurs froides
Le naufrage se prépare, mais ! Aucun marin ne prie
Bien qu’ils croient tous en Dieu – aucun ne prie
Car ils croient ! Ils croient mais ne l’ont pas connu
La coupe est pleine pour les faucons déchus
Sans plus d’espoir, le drakkar entame son ellipse
Son voyage sans retour – pris au piège d’une mâchoire
Immobile et motrice : Recel de corps de demi-dieux
Un millénaire pour ce verdict gercé de gloire,
Le drap noir se déchire, le mât éclate, le tout s’écrase
Les corps volés se disloquent, le son sur le tympan
Avant de tout lâcher : ça plane quelques instants
Et disparaît sans un bruit, la nef broyée se noie
Dans un squelette en pointillés : Dieu la transvase
Des roches touchées jadis par des marins crétois
Oui sans un bruit se change en stèles, sa silhouette
Et je l’ai vue, telle un récit qui attend d’être lu
Sur les collines de Kåseberga
Décembre 2011
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Ales Stennar, Kåseberga, Sweden Drakkar standing stones? |