Y'a pas à dire, ce sera un beau jour que celui de l’exécution de cette pute mentale, pour peu que les ingénieurs du département d’assaut découvrent un moyen de trouer sa peau spectrale... ... Mais quelque chose me dit que toute cette histoire ne sera pas réglée si facilement...
26 oct. 2011
[Jet] Ce matin-là, deux flics du département de la pensée
Y'a pas à dire, ce sera un beau jour que celui de l’exécution de cette pute mentale, pour peu que les ingénieurs du département d’assaut découvrent un moyen de trouer sa peau spectrale... ... Mais quelque chose me dit que toute cette histoire ne sera pas réglée si facilement...
25 oct. 2011
[Poékwot] A perfect market (Clive James)
ou plustot les chanter
Recite your lines aloud, Ronsard advised,Or, even better, sing them. Common speechHeld all the rhythmic measures that he prizedIn poetry. He had much more to teach,But first he taught that. Several poets paidHim heed. The odd one even made the grade,Building a pretty castle on the beach.
But on the whole it’s useless to point outThat making the thing musical is partOf pinning down what you are on about.The voice leads to the craft, the craft to art:All this is patent to the gifted fewWho know, before they can, what they must doTo make the mind a spokesman for the heart.
As for the million others, they are blessed:This is their age. Their slapdash in demandFrom all who would take fright were thought expressedIn ways that showed a hint of being planned,They may say anything, in any way.Why not? Why shouldn’t they? Why wouldn’t they?Nothing to study, nothing to understand.
And yet it could be that their flight from rhymeAnd reason is a technically preciseResponse to the confusion of a timeWhen nothing, said once, merits hearing twice.It isn’t that their deafness fails to matchThe chaos. It’s the only thing they catch.No form, no pattern. Just the rolling dice
Of idle talk. Always a blight before,It finds a place today, fulfills a need:As those who cannot write increase the storeOf verses fit for those who cannot read,For those who can do both the field is clearTo meet and trade their wares, the only fearThat mutual benefit might look like greed.
It isn’t, though. It’s just the interchangeOf showpiece and attention that has beenThere since the cavemen took pains to arrangePictures of deer and bison to be seenTo best advantage in the flickering light.Our luck is to sell tickets on the nightOnly to those who might know what we mean,
And they are drawn to us by love of sound.In the first instance, it is how we singThat brings them in. No mystery more profoundThan how a melody soars from a stringOf syllables, and yet this much we know:Ronsard was right to emphasize it so,Even in his day. Now, it’s everything:
The language falls apart before our eyes,But what it once was echoes in our earsAs poetry, whose gathered force defiesEven the drift of our declining years.A single lilting line, a single turnOf phrase: these always proved, at last we learn,Life cries for joy though it must end in tears.
Clive James, Poetry Magazine, Feb. 2010.
17 oct. 2011
[Loud!] Laconismes (Conrad Winter)
Quand sept ou huit mots suffisent à l'infusion violente, à l'intraveineuse poétique, au fix de significations, à l'introverdose possible, on sent venir à la première lecture que ce ne sera pas la dernière. J'y reviens souvent.
On enchaîne alors ce qui s'enchaîne si vite, et l'on n'y prend pas garde – ou alors, pour essayer de préserver la surprise. On se limite et on se rationne volontairement : micro-dosage littéraire et philosophique. C'est bon, c'est rare, il y en a peu mondialement. Laconismes, je crois, se range facilement dans cette catégorie :
Ces phrases volantes sont des charges, à tous les sens du terme. Des charges furtives, en apparence inoffensives, dont l'ironie et l'agressivité vitales se révèleront ensuite indéniables. Laconie portative. Des charges sans majuscule ni suites, sans système, sans relations faciles à suivre. Comme souvent, c'est la quantité de la dose qui fait le poison (Paracelse). Des charges à s'administrer en cas d'urgence, à dose homéopathique, infinitésimale : ce recueil se fait chargeur, capable d'éliminer toute la niaiserie qui nage dans le cerveau d'un homme, d'une femme, etc.
« il y a des croyants qui achètent leur Bible chez l'armurier »
« le plus pervers de cette histoire est bien que "la vie continue" »
Parfois, on vide le chargeur sans regarder, avec rage et en colère, sans résultat, mais avec Winter, on ne tire jamais à blanc. Le danger est de croire que c'est inoffensif, que c'est seulement un jeu, qu'il n'y a rien de "profond" ou de "complexe" à construire derrière ces formules inégales. Bien chercher, relire, isoler celui-là, broder sur celui-ci, décentrer un troisième : tel vestige prétendument spartiate prendra soudain l'allure d'un coquillage qui vomit toute la mer, d'une clenche invisible ou d'un marteau vengeur.
La décharge poétique et philosophique me ramène à la même question : comment savait-il ? Non, vraiment, dans les cris et les larmes et les livres et la rue je n'obtiendrai moi-même de ma vie de telles poignées simples et claires de mots.
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Gunfight by Dannny |
14 oct. 2011
[Poé] Comment s'en sortir ?
Tandis que les amants parisiens vont rireAu-delà des boulevards, sur des lits blêmesLes insurgés, autant qu’ils sont, de la place TahrirLa fumée les agresse, le sang les éclabousseSans qu’aucune autre voix ne leur adresseAucune réponse – que celle des AK-47
Ils n’ont que faire des tirs de semonceChoisissant d'espérer mieux quitte à en périr"Liberté de choisir dans quelle galère se tuer" ?Peut-être, mais j’ai beau dire : pas un n’y renonceQui vivent la révolte inachevée, le dilemmeIls courent, protègent et tuent des frères
Au-delà du sol on me fait signe, en l’airDes corps élancés de métal – ils froncentLes sourcils et leurs pilotes masqués au signalEnvoient plusieurs missiles sur un cortègePour le châtrer l’immoler l’incendier le punirLe mettre à terre, en morceaux, et l’essaime
Dans le feu d’un fascinant xéranthème.Dans ma chambre au pays des LagardèreTout semble calme – EADS, Lockheed, RaytheonFont des affaires – et moi dans mon lit blêmeAu-delà d'être amoureux, jouant à "je dénonce"
Le râle des solutions et les limbes de l'agir
Contre la maladie de réussir, d'avoir raison
Défonce l'image aux bords qui vibrent, point de
Juste départ : l'imperfection de tout système
Et la violence comme une dernière secousse
Un invisible filin si solide, si peu sûr, désormaisTe guide
2011 (modifié 2022)
13 oct. 2011
[Poé] Tous transformés en ichneumons
Limer l’assise des jours heureux avec ardeurLimer châssis des chaînes et des barragesPour les joyeux suivants, pour la surprise !Pour laisser derrière soi des boîtes en verreAvec la foudre à l’intérieur
Et d’accrétion de boule en visques mersDe feu, nous réécrivons l’histoire des mondesCasus belli, mon frère ! Ainsi débute le récitComme si la paix allait surgir d’une guérillaD’une corrosion l’épée qui tranche
Les concours, les fêtes pour les vainqueursCouronnes baisers dîners ou laisses – ne pas s’y fierAvec des outils bricolés, repoussons l’âmeNotre alliée – quoi qu’il arrive – mais pas sesSbires – tous – il faut les fusiller sur place !
Vos principes caravanes en instance d’adoptionUn cargo mène ces maximes dans d’autres litsDans d’autres cases – où – gorgées de naphtalineDes terrassiers profaneront leur thorax de métalBâtiments de l’empire de l’état du dieu noir
L’opération de laboratoire – pas pour nous maisL’opérateur in medias res du feu de Dieu – oui !Alors surgirent les chevaux à l’itinéraire tout tracéDans leur esprit de bêtes pour quelques mètresTracés dans un carnet – écriture dextrogyre
Prométhée vola quelques heures à la terrePour pondre ses œufs de poussière – sans tropDe sérieux – sans trop s’y croire – dans l’étherNous serons tous transformés en ichneumonsPour le meilleur et pour le pire
12 oct. 2011
[Poé] Kernsturmkraut
Il existe un ensemble de planètes
Ralenties dans le temps par leur poids
Extrême pourtant la vie est née puis vint
L’histoire elle-même avec ses cataclysmes
Des vallées gigantesques et temples
En bois / tissus dans des jungles / plaines
Balayées par le vent / roi qui vint de l’est
Et monochromes en lin construits puis soudain
Disparus
Il existe un ensemble de planètes
Ralenties par leur poids dans le temps
Des maisons de boue claire ou d’argile bl*n*
Lissées par la désolation de la guerre
Par un déluge de métaux lourds et sacrés
Dans la couronne du ciel depuis toujours
Tout ondula – se tordit – et tout fut lisse
Et tout est nu / clair comme au premier jour
Toute est nu or
On y trouve encore une sorte de bruyère
Inconnue des anciens – de la "Terre" même
Avant le grand matin de cendres et de fer
AppeléeKernsturmkrautpar les locaux
Imaginaires
Six pétales noir violacé – sombres rayons
D’un truc bizarre, comme un trésor
Espèce de bulbe étoilé, odorant
Dont je vous donne la couleur > #39021D
Il existe un pays de vallées qui résonnent
La vie y laisse une signature dont se nourrit
La terre de l’intérieur – qui la bouffe
En retour : c’est la fleur qui pullule / résonne
Échoue à reproduire
Elle pullule et s’impose et vibre / fleurit
Dans les salles de classe, les cuves de pierre
Vénéneuse et contre-nature et bizarre
Aussi belle qu’une question d’enfant
Six pétales sombres et un trésor
Sans valeur – le peuple endogame des fleurs
Habite un monde entier / vide, les parkings, les gares
Le creux desséché de l'océan, sous un ciel
Empli d'étoiles
Et de planètes
Alourdies dans le temps
Kernsturmkraut,
octobre 2011
9 oct. 2011
[Loud!] Le Mépris
Trois livres en main à lire transversalement, en déambulant dans les rayons, puis dégoûté au bout d'un moment, je les repose. Dégoûté de tout désir de briller par l'écriture (non envie ou passe-temps) - surtout dégoûté par la futilité de toutes ces pages. Une image attire soudain mon attention, alors que je m'en vais.
Hum... Le Mépris. Moravia. "Durant les deux premières années de mon mariage, mes rapports avec ma femme furent, je puis aujourd'hui l'affirmer, parfaits (...). L'objet de ce récit est de raconter comment, alors que je continuais à l'aimer et à ne pas la juger, Emilia au contraire découvrit ou crut découvrir certains de mes défauts, me jugea, et en conséquence, cessa de m'aimer". 5€.
Mes voyages en métro, les quelques jours suivants, ont vu Ulysse, la mer, les prévisions fatales et simples d'une relation imaginaire – réelle – se dérouler jusqu'à la fin. Et le métro va vite.
4 oct. 2011
[Poékogi] Vibrations / Tout le monde se laissera faire
Les vibrations ou vibrements qui vous enveloppent, autour de vous, à des kilomètres, dans un espace empli de sons brûlés, accélérés à l’extrême, distendus, passés à tabac, moulus. Les cosses des haricots éclatent sous la pression : des enregistrements répétés à l’infini, accentués, rythmiquement marqués, avec ce qui sonne de loin comme une ligne de basse, une ligne de basse de ce qui était, devait être, dans un passé sans fond, de l’accordéon ou du violoncelle, ou plutôt leurs terribles accents mélancolisant – soudain l’hymne ou l’image se brouille, neige et glitch – les vibrations à nouveau, elles seules, des pulsations brutales et continues, vous enveloppent.
Vous avez dans l’esprit des couleurs noires – bien plus que vous n'auriez imaginé être capable de percevoir avec clarté, ah, elles s’échappent, tirent vers le rose ou le vert ? – et des mots, des os d’expressions, des notes au piano ou des lames d’énergie opaque et glissées entre souvenirs, qui font du son, liées aux pulsations qui vous décalquent, mais sans être leur source, vous le sentez bien – affections composites – la pelleteuse qui vous sonne les matines dans la tête et le corps. Plus bas, un peu en arrière, à droite, l’intestin gronde, étonnamment étranger, et pourtant. L’appendice en frémit continuellement, et votre esprit s’éclipse soudain : l’univers, seulx, déployéx comme jamais, dans son affaire sucré-salée, suspendu parmi vous et vous parmi elle, pas même de vide, que se passe-t-il, écrire devient difficile –
Les espaces antimémoriaux où me plongent la musique – les profondeurs douloureuses et paisibles d’un monde auquel je m’étonne d’avoir pu appartenir, quand était-ce ? Jamais dans ce cours du temps, j’en suis sûr – ces plaines ou ces villes silencieuses, habitées par la mélodie que visite des frissons d’échine, construites par elle à l’instant et projetées simultanément dans l’éternité – la musique change le temps – musique : ces étendues qui durent à jamais dans leur évanescence ! Des univers reconnus mais jamais arpentés, des téléportations par un morceau, une chanson, le prodige immaculé du retour dans l’enfance, quand le temps était à la fois éternel et inexistant, aux côtés de la voix des profondeurs, si étrange mais sans peur, l’émotion concrétisée en matière poreuse dans mes mains, le fleuve de la vie lui-même – tout noir et violet dans ses cavernes brûlantes, comme les courants des veines sous la peau.
Car on devient poète ou musicien à force de ne pas l'être, car les poètes ont toujours à façonner le monde, tout ce pouvoir, et si personne n’y croit, tant mieux : tout le monde se laissera faire
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