[ENG]
< Repeatedly copied errors predate LLM’s, obviously, but I would hardly expect garbage-in garbage-out machines to improve things. [...]
"I've seen attack ships on" ¹ people lose access to online accounts and tons of irrecoverable data because they only realised their phone was everything 30 seconds after losing it. It’s 10pm. Do you know where your data is? [...]
I can see the appeal in a flawless pair of machine eyes, a brain augmentation to store data and so on. I would not do this because I know how long an SSD lasts and how much companies care about human beings. ² [...]
Shorn of its orientalism and tech fetish, Cyberpunk is a "vibe": I don’t mean its setting, which is generally a world choking on pollution (like Blade Runner), or incredible wealth disparity and the laws not applying to the rich (like the world beyond your screen).
I mean the sensorial feel — alienation and atomisation, individuals feeling powerless in the face of corporate behemoths and unable to form connection (ever been banned from Twitter for telling a nazi to fuck off or lost access to an email address? Good luck finding a human being to fix that).
That dissociative feeling knowing how bad everything is but having to put on a smile to work 8+ hours doing something you do not care about, trying not to notice the watchful eye of [...]Soon, Netflix will not need to ask if you are still watching. >
— Molly Noise, (Cyber)Punk is dead [extracts, slightly reformatted], Blood Knife, 2023[¹ Editor's note: reference to the famous speech of Roy the Replicant (Rutger Hauer) in Blade Runner (1982), "like tears in the rain", where "attack ships on the shoulder of Orion" denotes a horrible yet fantastical memory that will become "lost to time" once Roy kills himself and all rogue / free Replicants are exterminated. Here, Noise may be conflating the future-lost memories of Roy with the harrowing experience of losing scores of personal data and attached subjective memories, and the burning warships with the panic attack that follows the experience or the paranoia that precedes.
² Editor's note: cue de facto mandatory biotech analogous to compulsory smartphones from 2015 on, cue no more software updates for restorative bionics, subpremium tiers for neural implants saturated with ads, budget cuts & memory corruption, ideological tracking, etc.]
[FRE]
« La retranscription d'informations fausses est évidemment plus ancienne que les programmes de génération de langage du big data (LLMs), mais je ne m'attends pas à ce que des machines qui remâchent des idioties améliorent la situation. [...]
"J'ai vu des vaisseaux de guerre en feu" ¹ sur des personnes venant de perdre l'accès à des comptes privés et des quantités incalculables de données irrécupérables, parce qu'elles ont seulement réalisé que leur téléphone contenait leur vie entière 30 secondes après l'avoir perdu. Il est 22 heures. Est-ce que vous savez où se trouvent vos données ? [...]
Je peux comprendre l'attrait d'une paire d'yeux bioniques ultimes, d'une augmentation cérébrale pour stocker mes données, etc. Mais je ne le ferai jamais, parce que je sais combien de temps le hardware d'un disque dur reste opérationnel avant de se corrompre, et que je sais comment les méga-corporations traitent les êtres humains ². [...]
Dépouillé de son orientalisme et de son fétichisme technologique, le cyberpunk ressemble à une vibe, une atmosphère affective : et par là je ne veux pas parler de ses imaginaires et univers fictifs, qui sont pourtant ceux d'un monde étouffant dans la pollution (comme dans Blade Runner), et d'inégalités économiques extrêmes où les riches font la loi et n'y sont pas soumis (comme dans le monde qui d'étend au-delà de votre écran).
Avec ce terme, je veux parler d'un vécu sensible : l'aliénation et l'atomisation, des individus qui se sentent fondamentalement impuissants face aux léviathans comme les multinationales, incapables de formes des liens et de se connecter autrement (est-ce que vous avez déjà été dégagé-e de Twitter ou d'un autre réseau social pour avoir insulté un nazi ? Bon courage pour mettre la main sur une personne humaine qui soit capable de régler le problème).
Ce sentiment de dissociation quand on sait à quel point tout va mal, mais que l'on doit afficher un sourire en allant travailler pendant plus de 8 heures dans une activité qui n'a aucun sens, en essayant de ne pas remarquer ni attirer l'œil vigilant de la [...]Bientôt, Netflix n'aura plus besoin de vous demander si vous êtes toujours en train de regarder. »
— Molly Noise, (Cyber)Punk is dead [extraits, traduit, légèrement remis en page], sur Blood Knife, 2023
[¹ Ndt : ici, l'autrice fait référence au discours bien connu de Roy le Réplicant (Rutger Hauer) à la fin de Blade Runner (1982), "comme des larmes dans la pluie", dans lequel Roy évoque "des vaisseaux de guerre en feu sur l'épaule d'Orion" parmi les souvenirs terribles et fantastiques qui le hantent. Les souvenirs bien réels de l'androïde fugitif seront perdus à tout jamais une fois que celui-ci se sera donné la mort, et que les autres Réplicants libres et rebelles auront été exterminé-e-s. Ici, l'autrice compare l'explosion des vaisseaux de guerre à la crise de panique, paranoïde ou traumatique, lorsque l'on réalise que nos souvenirs intimes sont condamnés à l'oubli par la perte de données ou d'archives personnelles.² Ndt : il serait possible d'ajouter ici de nombreux exemples sous-entendus par les références de Molly Noise dans tout l'article, comme le fait que certaines biotechnologies ou modifications deviendraient de facto obligatoires pour posséder un emploi ou utiliser les services publics, comme avec les téléphones portables connectés après 2015, les discontinuités de service et de mises à jour pour des implants vitaux ou restaurateurs, des versions non-premium de la perception saturées de publicités, le traçage et le flicage d'opinions politiques, etc.]