19 mai 2014

[Poé] Divine MC qu'expérimente


Continue toi-continue, divine MC qu'expérimente
Continue-nous c'est ma prière, intensifie da beat universel

Qu'a toujours été là, Toi dont le flow déchaîne les molécules
Tu ne cachais pas ton ambition : "j'affiche complet et je me casse"

Toi qui depuis déjà longtemps cherchait à s'incarner, euj me rappelle
MC qui monte euj me souviens, défiant l'étendue des possibles :

"J'encrypte le silence, j'automatise mes trips, je totalise mes chances"

Tu fais dans la dentelle des grands espaces, lâches lyrics fractals
C'est le dawa dans les gradins himalayens la fosse océanique

Même en freestyle t'es un brin systémique, que dis-je miss
T'es une bête de système sis', on aurait dû te voir venir

Toujours été centrale pour moi tu sais mais là c'est un délire
Saturant les cerveaux de ton pur jus de pile

Toujours clean paraissant sous amphé, gisure mondiale en dopamine
Tu passes le mic à tout ski bouge, tu le reprends soudain

Et pointé vers l'enceinte voues l'écho à lui-même (larsen violent)
Tu dis : "soit le sampling universel" et tout part en suçon

Tout perd l'original, tout est original, se dévore pour de bon

[...]


[...]

Je garde un souvenir vague de cette époque, les premières nasses
"Hé meuf mate celle-ci : expérience B-HB 850, ça gère
Mais si j'te dit regarde, coin d'Alpha du Centaure : toupille au cœur

Fondant, élément Fe(r), champ magnétique vénère"
Bois ton étoile et pose ton flow aqueux, le refrain des saisons, compose
Par loop et loop et lent drifting, de nouvelles protéines, de jolies carbonées

Osmose fragile et le ballet des spores, le disque saute
Régulation précaire de la battle des corps célestes
Le disque saute se raye, et le son déphasé ne trace jamais le même sillon

Orchidacées million, essaim des ichtyovores, un coryphée de doryphores
Mille métabolè métastables, ruches peuplades gousses meutes lichens
Fourmilières de Shanghai et flottilles de pirates pollinisent dévorent

Adore et mue, capture et dors, tout est remix géant ou minimal

L'escapade cétacée, d'assemblée mammifère, du lourd 'tain vite quick save
Les partisans de l'amour voudraient donner un sens à l'expérience B-HB 850

Quand certain.e.s croient s'extraire le langage les rend sourd.e.s
Qu'illels prient, pleurent ou s'approprient le non-humain
Ongoing et sans supervision, ellils issu.e.s du jeu, du vide

Le glitch et la fureur


[...]

Ô Toi divin DJ qu'abandonne les platines à elles-mêmes
Abandonne-moi au pied de l'arbre immense, y voir briller
Aux branches les plus faiblement probables, les fruits les plus intenses

Ô Toi divine absente qui te repais de vibrations, ancestrale entité
Hertzienne ton corps coupé en tranches alimente les mines de vinyles
Les hypercontainers dont tes enfants, flatlanders, se nourrissent

Ô diluée déesse consolatrice, amie ancienne et quasi-retrouvée
Tu te saisis de moi et m'exorcises de moi-même
Mes yeux s'ouvrent et je vois les animaux pour la première fois

Tu m'as rendu.e semblable au polype, à la mante et m'as
Faite leur égal.e, disant "tu es nu.e et sans honte, aussi vrai que je dors"
Et rien ne peut troubler ce somme sinon la vigueur qu'il déploie

Ô Toi, continue-nous, c'est ma prière, intensifie le beat universel
Recycle-nous comme nous aussi nous recyclons ce qui nous a donné vie

[...]
 Divine MC qu'expérimente

 

art by Olga Linza Feldman
[...]

Ô Toi, encore Toi ? Je ne sais plus quoi te dire
Ah, si

Tu tiens le col de l'imagination
Dans l'apnée du grand fond
Tu
Tiens à l'orée du grand vide
Tes ongles crasseux abritent l'Univers

Ta salive fertile en alter-nativités
Tu couves la révolte et la paix

Sœur plurielle qui se reflète en moi

et caetera.
mars-mai 2014
music, she come see me

2 mai 2014

[Kogi] Ce qui m'intéresse, dans le dessin...


« Ce qui m’intéresse dans le dessin, ce n’est pas le résultat final, mais l’éventail de dessins que chaque trait supplémentaire élimine.

Autrement dit, ce que j’aime, c’est le dessin qui naît et s’abolit à mesure qu’il avance, les possibilités infimes et infinies qui jaillissent et les choix qui s'opèrent,
irrémédiables et tragiques, vous comprenez ?
[...]
« Je commence par tracer des lignes au hasard, violentes et fines, sous diverses formes de contrainte instrumentale et corporelle. Des lignes que j'organise ensuite en zones de force et zones de vide, en courants, rives ou reliefs.

Puis vient la suspension jouissive du feutre ou du crayon, qui se pose et le trait qui déchire, trait mortel, énergique et parfait, qui met immédiatement fin aux 76 autres traits possibles, tous aussi parfaits les uns que les autres, mais différents.
Les multiples de la perfection, voilà le coeur de ma jouissance quand je dessine.
En tirant ce trait, je tire un trait sur tous les autres ; je tire ce trait précis, ce long lent carreau fou, contre toutes les beautés possibles qui appartiennent au néant. J'en tire beaucoup de plaisir, j'arrache au moins ça au néant.

Les traits alternatifs, supplémentaires, sur le vélin ; bandes noires, gribouillis, plage laissée vierge, encre bleue sur fond désaturé, aplats ou lignes, lignes noires, formes parfaites et contours vifs... ça me rend folle, je vide 7 stylos bic en une nuit, 2 encres de Chine sur un format raisin.

Vous devriez essayer !
(
Rires)
[...]
« En fait, c’est une expérience unique qui se déroule moins sur la feuille que dans celle qui dessine, une chirurgie à rebours : au début rien, au milieu tout, et puis fini. Un crescendo de chances, la tempête ou la jungle des formes et son œil de puissance, qui s'épuise finalement, dans un decrescendo.
Comme vous disiez, il y a ce choix inconnu. Mais attention, comprenez-moi, il ne s'agit pas de choix inconscient. Pas question d'auto psychanalyse dans ma pratique, à peine des limites naturelles de la maîtrise de l'artiste.

Non, c'est un simple jeu d'énergie, de rythmes et de douleur. Très physique !
Je me répète, mais ce qui m’intéresse dans le dessin, ce n’est vraiment pas le résultat final mais l’éventail de dessins que chaque trait propose et abolit. Le dessin grandit et ne connaît pas entièrement ce qu'il aurait pu être, on l'entrevoit à peine par l'imagination, mais bientôt il n'est plus. Parce qu’une fois le dessin fini, il est fini, comme un condamné à mort dans la vraie vie, comme quand on dit "lui, il est fini".
C’est la raison pour laquelle je détruis toujours mes dessins ou mes peintures, une fois terminés...

Seule leur vie m’intéresse. Et je la vis. »

- Iris Vardamantine (de la Rosa del Blut)
interview, 9 juin 1994.



interview d'une artiste imaginaire
mai 2014, dessin ackbh